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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Haïti 2015 (bis) – Comment est votre blanquette?

La délégation du FIL à la Pléiade

 

Avec Carole David     Avec Michèle Ouimet     Avec David Homel

Avec Michel Vézina     En entrevue à la Pléiade     À la Pléiade

Jean-Euphèle Milcé a une formule lapidaire pour mettre un terme à ma présentation de Laura à sa fille à lui, Aimée.

« Bon, Aimée, Laura est la fille de Stanley et toi, tu es la mienne » explique-t-il à son ado, avant de conclure sur un ton faussement péremptoire : « Donc vous êtes amies. »

Il n’en faut effectivement pas davantage pour que les deux adolescentes, qui s’étaient trop vitement croisées à la Maison Georges-Anglade de PEN Haïti dans la matinée, entreprennent de faire plus ample connaissance.

Nous sommes sur le perron de la luxueuse résidence de fonction de Tristan Landry, attaché politique de l’ambassade du Canada à Port-au-Prince qui a convié les écrivains et écrivaines qui prennent part au Festival Libérez la Parole 2015 à un cocktail dînatoire. C’est d’ailleurs lui qui m’a accueilli, à l’arrivée de mon petit groupe, encore une fois en retard. David Homel, Michel Vézina, Laura et moi-même nous étions un peu éternisés à la librairie La Pléiade, où je venais tout juste d’animer la causerie pour présenter mes collègues québécois aux lecteurs et lectrices de Port-au-Prince. L’un des libraires, à qui j’avais demandé un exemplaire des Comédiens de Graham Greene pour Laura, a réussi à m’intéresser à un nouveau livre de Bernard Diederich, Seeds of Fiction: Graham Greene’s Adventures in Haiti and Central America 1954-1983. Et tant qu’à y être, j’ai racheté un exemplaire du classique de Diederich, Papa Doc et les tontons macoutes, pour remplacer celui que j’ai prêté à je-ne-sais-plus-qui et qui ne m’est jamais revenu.

De pareilles mondanités font inévitablement ressurgir des réminiscences de scènes romanesques ou cinématographiques, des séquences de films de James Bond ou de leurs désopilantes parodies, les O.S.S. 117 mettant en vedette Jean Dujardin. Alors que les serveurs circulent entre les convives avec des plateaux de petits fours et de canapés, je m’attends presque à ce que quelqu’un m’accoste avec la fameuse phrase codée : « Comment est votre blanquette? » Je me permets de taquiner notre hôte sur la reproduction du portrait de Che Guevara par Warhol dans ses toilettes, une image qui finira par lui valoir des ennuis avec l’administration conservatrice à Ottawa…

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La résidence de fonction de T. Landry

Sur une note plus sérieuse, la réception me fournit l’occasion de revoir l’ambassadeur du Canada, Paula Caldwell St-Onge, que Katel Le Fustec et moi avions rencontrée l’automne dernier lors de l’intervention de Clowns Sans Frontières à Terrain Toto, l’un des derniers camps de personnes déplacées au lendemain du séisme de 2010. Avec le soutien de l’ambassade canadienne, la troupe Cirque Kreyòl s’y était produite en novembre, devant un public plus que réceptif pour qui l’accès à de tels événements culturels était hélas trop rare. Dans mon esprit, et sans vouloir jouer les gauchistes de salon, le souvenir de cette zone, des conditions de vie de ses habitants se heurte à l’opulence qui règne en cette demeure. Mais c’est beaucoup ça, Haïti, le contraste et le paradoxe permanents…

À ce cocktail, je croise avec le même plaisir mon vieux pote Lyonel Trouillot, à qui j’annonce que j’ai rapporté encore une quelques bouquins pour les jeunes destinés au Centre culturel Anne-Marie Morisset qu’il a co-fondé à Delmas et où se tiennent les fameux « vendredis littéraires ». Encore heureux d’ailleurs que nous puissions nous retrouver là, puisque Trouillot ne pourra hélas pas nous rejoindre pour la fin du Festival Libérez la Parole à Jacmel ce week-end, ayant été invité à prononcer une conférence dans une université américaine.

À David, que je lui présente comme son compagnon d’écurie (ils ont tous deux publié chez Actes Sud), Lyonel Trouillot trace un portrait peu glorieux du Cap-Haïtien, où nous séjournerons la semaine prochaine. Bien qu’il n’y ait pas mis les pieds depuis le carnaval de 1973, Homel garde un souvenir ému de son séjour dans l’ancienne capitale. Avec l’humour ravageur qui est sa marque de commerce, Trouillot prend plaisir à vilipender le Cap et ses habitants que l’ex-syndicaliste en lui juge bourgeois, un brin coincés et épris de leurs propres mythes. Et il pousse l’ironie jusqu’à résumer le Cap et sa société avec le titre d’un livre d’histoire, L’Illusion héroïque, un essai portant la griffe de mon oncle, Marc Péan!

Toute bonne chose ayant une fin, la délégation du Festival international de la littérature (FIL) rentre bientôt au Karibé, où mes collègues et moi terminerons la soirée sur la terrasse qui offre une impressionnante vue panoramique de la capitale pas encore tout à fait endormie.

July 15th, 2015
Catégorie: Événements, Nouvelles, Réflexions Catégorie: Aucune

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