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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Haïti 2015 (bis) – Dans le sillage d’André Malraux

Petite journée tranquille lundi, dont une partie de la matinée fut consacrée à une visite de courtoisie à la Fondation Connaissance et liberté (Fokal) et une première rencontre entre Michelle Corbeil et Lorraine Mangonès. Normal. Depuis le temps que le Festival international de la littérature (FIL) accueille à Montréal des spectacles littéraires haïtiens, avec le soutien financier de la Fokal, il n’était pas malvenu que ces deux grandes amantes des arts et des lettres s’assoient enfin à la même table pour échanger, rappeler les bons coups des dernières années et deviser d’une intensification de la collaboration. À plus forte raison quand on sait que mon amie la directrice du FIL a toujours un nouveau projet dans le collimateur…

Forcément, Lorraine Mangonès a pris le temps de nous offrir, à Michelle, Mona Kiame et moi, un tour du propriétaire. La directrice de la Fokal a par ailleurs toutes les raisons d’être fier de son centre culturel, sis avenue Christophe; après nous en avoir fait voir tout l’intérieur, elle nous a escortés dans la cour arrière, où le jardin joliment entretenu côtoie la tonnelle qui servait de loges aux artistes lors des concerts gratuits offerts lors du Festival international de jazz de Port-au-Prince en janvier. Elle nous avait même proposé une visite du Parc de Martissant, qu’il nous a cependant fallu reporter à un autre jour.

Cet après-midi-là, j’ai laissé Laura aller explorer le centre-ville de Pétionville en compagnie de David Homel et des collègues Carole David et Michèle Ouimet, tandis qu’à l’hôtel je terminais la préparation de notre causerie du lendemain à la librairie La Pléiade.

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Tout en haut

 

Mausolée de Tiga     Jean Sébastien et son homme piano     Dans atelier Onel

Océli et ses lapins     Oeuvre dOcéli     SJL peintre et horticulteur

Mardi matin, à l’invitation de notre hôte Jean-Euphèle Milcé, nous sommes montés vers les hauteurs de Kenscoff, Fermathe et Furcy pour aller y visiter les ateliers de quelques artistes de ce coin de pays rendu célèbre par André Malraux sur qui l’art haïtien exerçait une grande fascination. C’est Jean Sébastien, un peintre et sculpteur originaire du coin mais expatrié en France, qui nous sert de guide pour ce périple qui nous a menés du monument à la mémoire de Tiga (que j’avais rencontré en 1998 et dont la nouvelle de la mort en 2006 m’avait apparemment échappé) aux lieux de travail d’Onel, d’Océli et de SJL. Ces deux derniers, qui forment un couple charmant et hospitalier, nous accueillent dans leur modeste maison nichée au cœur d’un îlot de végétation luxuriante avec un thé exotique de leur concoction. SJL, de son vrai nom Louidèce, est aussi un horticulteur au pouce plus que vert, qui a développé une conception originale de son art : jardiner pour lui consiste à revitaliser la nature, faire renaître la vie là où la mort se croyait souveraine, d’où ces plantes qu’il fait pousser dans le crâne blanchi d’un cabri ou dans le tronc d’un arbre mort. Ex-protégée de Tiga, Jocelyne Smith, qui signe ses magnifiques toiles Océli, me questionne sur mon parcours biographique étrange pour elle, sur Laura; elle me parle aussi de sa visite au Canada qui remonte à quelques années déjà, me fait voir les cages à lapins attenantes à la maison et me promet de m’en servir, à mon éventuel retour chez eux.

Jean-Euphèle affirme être chez lui, ici. Pas étonnant alors que ce soit à lui qu’on a confié la rédaction d’un magnifique album consacré aux artistes du coin, Portraits d’artistes de Kenscoff: culture fertile. Bien qu’originaire de la prestigieuse cité des Gonaïves, foyer historique de l’indépendance haïtienne, il venait déjà enfant dans ce coin de pays où sa famille possédait une résidence secondaire. Encore aujourd’hui, c’est dans cette zone peuplée de paysans et d’artistes qu’il vient tromper l’agitation frénétique de Port-au-Prince, aussi souvent qu’il le peut. C’est ici aussi qu’il a fondé, il y a quelques années déjà, un bar alternatif avec mon marasa Michel Vézina. Le temps file et nous faisons l’erreur d’aller manger au Chalet du refuge, que j’avais cherché en vain l’automne dernier avec Katel et Wilyo. Attention : je dis l’erreur, simplement parce que ce repas nous mettra assurément en retard à la causerie que je dois animer à 16h00 à la librairie La Pléiade. Parce qu’autrement, le lieu tenu par un ami d’enfance de Bertrand Roy est fort sympathique, le fond de l’air frais et la nourriture excellente (j’ai opté pour le gigot de cabri à la bière, Laura pour un lambi mijoté). Mais bon, c’est déjà l’heure de la course vers le bas de la ville.

July 15th, 2015
Catégorie: Événements, Nouvelles, Réflexions Catégorie: Aucune

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