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Un autre mot du «parrain d’honneur» du 26e PanAfrica International

Depuis que mes collègues journalistes ont appris, à notre conférence de presse inaugurale de la semaine dernière ou par voie de communiqué, que j’ai accepté d’être l’un des parrains de ce 26e Festival PanAfrica International, ils n’ont cessé de me poser la même question récurrente sur mes motifs.

Bien entendu, j’ai commencé par leur raconter l’histoire d’amitié qui existe entre moi et ce festival depuis ses tous débuts, à l’époque où le quartier général de Vues d’Afrique était voisin des bureaux de mon tout premier éditeur, le CIDIHCA. Au fil du dernier quart de siècle, j’ai donc pris l’habitude de fréquenter le festival du cinéma africain et créole par sympathie pour ses organisateurs.

Mais au-delà de ce rapport de convivialité entre Gérard Le Chêne et son équipe et moi, il y a la richesse de cette programmation qui nous est présentée année après année. L’ennui avec le cinéma, m’a un jour dit un vieil ami railleur et peu intéressé au septième art, c’est qu’il nous offre toujours vingt-quatre clichés par seconde. Sans doute cet ami en conviendrait-il avec moi : ce jugement péremptoire ne s’applique pas à la proposition qui nous est faite annuellement par les maîtres d’œuvres de cet événement qui relèvent avec brio le défi de nous sortir des sentiers battus.

Depuis 26 ans, tous les cinéphiles comme moi ont pu découvrir les milles facettes de la culture du continent noir et de sa diaspora, par le biais de ces films qui permettent de remettre en question les idées reçues, les stéréotypes et les raccourcis de la pensées que nous présentent quotidiennement les médias de masse vassalisés comme l’armée par les consortiums néo-féodaux qui ont tout intérêt à noircir le portrait de l’Afrique pour en mieux justifier l’exploitation sauvage, comme au bon temps du colonialisme.

N’en déplaise à ceux qui souscrivent encore à ces mensonges si commodes, nous avons tout intérêt à ne pas détourner notre regard de l’Histoire, des cultures et de l’actualité de l’Afrique, que j’ai appelé l’autre jour le théâtre crucial où se joue le drame essentiel de notre humanité. C’est un continent gigantesque, tellement diversifié, tellement complexe. Et je crois sincèrement que ne soupçonnons pas vraiment la mesure de ce gigantisme, de cette diversité pas plus que leurs implications et conséquences… enfin, jusqu’à ce que nous acceptions de jeter un regard autre sur elle, ce que nous invitent justement à faire les cinéastes à l’honneur annuellement au festival.

Nonobstant les problèmes économiques et sociaux qui continuent d’affliger les populations africaines, ce continent reste le berceau de l’humanité et le creuset de notre imaginaire commun. C’est hélas ce que nous oublions trop facilement, éblouis par le spectacle divertissant et parfois un peu niais d’un certain cinéma commercial. C’est heureusement ce que nous rappelle le meilleur du cinéma d’auteur africain, porteur de cette conscience lucide, porteur cet esprit de rébellion contre les pouvoirs de l’asservissement et de la bêtise.

D’autre part, compte tenu de mon autre chapeau, celui d’animateur d’Espace musique, je m’en voudrais de ne pas souligner la participation de la Société Radio-Canada qui est heureuse de s’associer pour une 26e année consécutive à Vues d’Afrique. L’ouverture sur le monde et sur les cultures est au cœur de la mission du diffuseur public. Et cette année, Radio-Canada et sa nouvelle web radio Espace monde se lient étroitement au Festival par la remise de prix dans trois catégories : le prix Radio-Canada de la communication interculturelle remis au meilleur long métrage et au meilleur court métrage, sans oublier le Prix Espace monde / Musicafrica, remis au meilleur long métrage portant sur la musique du continent africain.

Enfin, à celles et ceux qui se demandent encore pourquoi j’ai accepté de parrainer cette 26e édition du festival PanAfrica International, je répondrai que j’ai constaté l’autre jour que je n’avais jamais pris la peine de remercier Gérard Le Chêne et son équipe d’avoir su tenir le cap aussi longtemps, aussi généreusement, en dépit du scepticisme et du cynisme de ceux qui ne voient pas ou feignent de ne pas voir le caractère primordial de leur événement. Qu’il me soit permis de le faire ce soir, en notre nom à toutes et tous.

Et qu’il me soit permis du même souffle de vous remercier d’être là, avec nous, pour célébrer l’Histoire et les cultures de l’Afrique et de ses diasporas, et de réaffirmer par votre présence la nécessité de cette manifestation emblématique de l’idéal de diversité culturelle, ce ferment de la démocratie.