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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Jour 1: (Re-)bienvenue en France

(Rédigé à bord du RER B, reliant l’aéroport à la station Saint-Michel)

— Vous savez si le vol en provenance de Montréal est bel et bien arrivé à l’heure prévue? m’avait demandé, avec un chevrotement d’angoisse, la grande et belle Haïtienne qui m’avait accosté.

Je me revois, jeune blanc-bec de vingt-quatre ans, lever les yeux vers cette sculpturale vénus-caraïbes qui aurait pu passer pour la sœur cadette de Donna Summers, reconnaître mon écriture à la main sur l’enveloppe qui dépassait de son sac et lui répondre, sur un ton flegmatique que n’aurait pas renié Sean Connery en 007, que ce n’était pas le vol en provenance de Montréal qu’elle cherchait mais bel et bien moi.

Ce n’est certes pas un hasard si ce souvenir daté d’un demi-siècle me revient ce midi : je ne crois pas être entré en France par le Terminal 3 de l’aéroport Charles-de-Gaulle depuis cet été-là, où j’avais été invité en Europe par ma regrettée tante Michelle. C’est justement elle qui avait dépëché son amie, la ravissante Marie-Claude Zietz au Terminal 3 pour voir si j’y étais encore. La consigne qu’elle m’avait écrite, c’était de prendre le premier train pour Forbach sitôt passé les douanes si je ne l’apercevais pas dans le Terminal. J’avais préféré attendre au moins une heure, me disant que ce serait bête que je file vers l’Allemagne si elle avait de son côté fait la route pour m’accueillir et qu’elle ait été retardée par un bouchon. J’avais bien fait, il va sans dire. Et ainsi débutait mon premier séjour européen.

Mais faut-il que je sois à nouveau dans l’Hexagone pour rompre le silence-radio et reprendre l’écriture de ce blogue, tellement négligé ces dernières années? J’en ai presque honte. Mais c’est devenu une tradition, de livrer au jour le jour le récit de mes pérégrinations de ce côté-ci de la Grande Mare. Fuyant le climat social envenimé par le conflit étudiant, je séjournerai une toute petite semaine en France, invité pour le 31e festival Jazz sous les pommiers à Coutances, où je dois coanimer et arbitrer ce jeudi soir un match d’improvisation musicale entre jazzmen québécois et jazzmen français. D’ici là, une brève escale à Paris me permettra de retrouver mes amis André Duchesne et sa femme Hélène, avec qui je souperai ce soir. (On se voit décidément presque aussi souvent à Paris qu’à Québec.)

Et j’essaierai de mettre la main sur l’Amiral, qui fait lui aussi escale dans la ville-lumière au retour d’Italie, et qui n’était pas trop dans son assiette quand on s’est parlés vendredi et hier.

*

Elles sont nombreuses dans le RER, les Haïtiennes. Ravissantes, presque autant que Marie-Coco. La plupart endimanchées comme pour la messe du dimanche, justement. Celle-ci, en face de moi, flanquée d’un bébé en landau et d’un ado dont je ne saurais dire s’il est son frère cadet ou son fils s’inquiète de ce que celui-ci aurait fait de la Bible qu’elle lui avait confiée. C’est ça aussi, Paris France.

May 13th, 2012
Catégorie: Nouvelles Catégorie: Aucune

Un commentaire à propos de “Jour 1: (Re-)bienvenue en France”

  1. Robert BERROUËT-ORIOL a écrit:

    Bonjour de Montréal.

    Ta plume, vive et intelligente, nous manque depuis plusieurs mois dans la République montréalaise des lettres ! Je te souhaite un agréable séjour sur l’archipel jazzé de Coutances –pourvoyeuse de ces élégants fromages qui ensoleillent mes petits-déjeuners…

    Alors que ta coanimation et ton coarbitrage soient aussi un fort moment de poésie musiquée, je dis, avec Magloire Saint-Aude : « bon vent » et « bonne route » !!! Et si par bonheur tu fais un détour par Rome, n’oublie pas de saluer avec jubilation Stella JEAN, italo-haitienne, ‘designer’ de haute-lisse et amie des Poètes.

    Je te dis mon amitié,

    Robert Berrouët-Oriol

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