stanleypean.com


Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Haïti 2015 (bis) – De retour, à nouveau

Festival-2015

Récapitulons. Pour des raisons hors de mon contrôle, j’ai passé quinze ans loin de ma terre natale. Après avoir pris part au symposium de la diaspora haïtienne en août 1999, j’ai dû annuler quatre ou cinq voyages dans mon île, chaque fois à la dernière minute, pour cause de catastrophe naturelle ou politique. Et puis, la vie étant aussi étrange qu’on le sait, me revoici en Haïti pour la troisième fois depuis l’automne : en novembre, j’y étais en mission culturelle grâce et avec Katel Le Fustec de Clowns Sans Frontières – Canada; en janvier, pour couvrir le Festival international de jazz de Port-au-Prince; et là, en tant que membre de la délégation du Festival international de la littérature de Montréal (FIL) au Festival Libérez la parole organisé par le Centre PEN Haïti (chapitre local du PEN Club international). Ajoutons à cela que je ne voyage pas seul, que j’ai avec moi Laura, ma grande fille de quinze ans qui depuis des années réclamait que je l’emmène avec moi à la découverte du pays de ses ancêtres.

Je séjournais justement au chic hôtel Karibé, dans une luxueuse chambre avec vue sur bidonville (ô, Haïti, pays de contraste), quand Michelle Corbeil, la directrice générale et artistique du Festival international de la littérature de Montréal (FIL) m’avait contacté via Facebook en janvier avec ce projet de jumelage, rendu possible avec le soutien financier du Conseil des arts du Canada et du CIDIHCA. L’idée de Michelle était simple : puisque le FIL a accueilli à maintes et maintes reprises des spectacles littéraires à thématique haïtienne et, souvent même, issus d’Haïti, pourquoi ne pas faire comme à Toulouse en 2012? Pourquoi ne pas s’insérer dans la programmation d’une manifestation haïtienne pour resserrer les liens, déjà forts, entre les littératures de mes deux chez-nous. En cette année de l’entrée à l’Académie française de mon ami désormais immortel Dany Laferrière, qu’ont applaudie autant le Québec qu’Haïti, ça ne pouvait certes guère mieux tomber…

Outre ma Laura et moi, la délégation du Festival international de la littérature à Port-au-Prince compte cinq écrivaines et écrivains : Carole David, Michèle Ouimet, David Homel et Michel Vézina (qui est également l’un des éditeurs des oeuvres de notre ami commun Jean-Euphèle Milcé, président du PEN Club haïtien). À nous se joignent Michelle Corbeil, bien entendu, ainsi que Mona Kiame du Conseil des arts du Canada. Nous nous étions envolés sur les ailes d’American Airlines dimanche à l’aube pour atterrir au milieu de l’après-midi, après une brève escale à Miami, à l’aéroport Toussaint-Louverture. De peur que la navette du Karibé ne puisse accommoder notre délégation de huit personnes, j’avais pris la précaution de requérir le chauffeur et la voiture de mon ami Bertrand Roy, dans l’intention d’aller faire quelques courses au supermarché – mais bousculés par la cohue à l’aéroport, je n’ai jamais trouvé le chauffeur en question, qui a succédé à Jimmy qui me conduisait en janvier. (Kasson, ledit nouveau chauffeur, viendra tout de même me rejoindre plus tard à l’hôtel, de manière à ce que je puisse faire ces petits achats puis passer faire une petite visite de courtoisie à Bertrand en fin de journée.)

Attablés autour de l’apéro, en fin de journée, nous avons comparé nos notes sur Haïti, que tous les écrivains sauf Carole David avaient visité plus ou moins récemment. Homel y avait séjourné il y a quarante ans, Michelle Ouimet y était venue quelques fois à titre de journaliste au lendemain du goudougoudou (le séisme de janvier 2010), Vézina était devenu un abonné au fil des participations à divers événements littéraire. Les expériences et les expectatives de chaque membre du groupe sont donc fort variées et c’est néanmoins celles de Laura qui retiennent l’attention. Que t’a raconté ton père sur Haïti? À quoi t’attends-tu? Quelles sont tes premières impressions? Parles-tu le créole? Les questions fusent de toutes parts, auxquelles ma fille répond avec un brin de candeur et de timidité.

Ayant poliment décliné l’invitation de notre hôte Jean-Euphèle Milcé à visiter la Maison Georges-Anglade (j’estime en avoir le temps plus tard) je suis plutôt allé saluer Bertrand au morne Hercule, en compagnie de Laura et de David Homel. Sous la tonnelle, nous avons partagé une bouteille de vin italien, tandis que Bertrand entouré de chien et de chat résumait pour ma fille et mon pote l’histoire de sa maison, où j’avais logé en novembre avec Katel. De retour à l’hôtel plus tard, nous mangerons près de la piscine – lambi grillé pour David et moi, linguini aux djon-djon et crevettes pour Laura – et je raconterai de la querelle entre le romancier britannique Graham Greene et le Président François Duvalier à propos du roman Les Comédiens, une histoire qui semblera fasciner autant David que Laura qui du coup aimerait bien lire le controversé bouquin.

Me voici donc de retour. À nouveau.

July 13th, 2015
Catégorie: Événements, Nouvelles, Réflexions Catégorie: Aucune

≡ Soumettez votre commentaire