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FIL: un bilan préliminaire…

Oui, je sais, je manque parfois de discipline. Et, accaparé autant par ma causerie autour de Gaston Miron de samedi dernier que par cette nuit bleue à venir sur laquelle je reviendrai dans quelques instants, je me suis fait rare sur cette tribune. Il me faut néanmoins revenir sur cette dix-septième édition du Festival international de la littérature (FIL) qui s’est tout de même bien déroulée malgré les circonstances que l’on sait. La désallocation inopinée et injustifiée par Patrimoine canadien d’une subvention qui représentait 13% du budget du FIL n’aura certes pas rendu la tâche facile à l’équipe du Festival, mais Michelle Corbeil, ses troupes et les artistes mis à contribution auront tout de même réussi à livrer au public une enthousiasmante célébration des mots et des âmes.

J’ai pour ma part passé les soirées de jeudi et vendredi derniers au Cabaret le Lion d’or pour assister à l’hommage à Dany Laferrière (Je suis un pays rêvé) et au Dub et Litté de mon frère jumeau Michel Vézina, Vander et leurs invités bordelais du collectif Libérez l’espace. À ce titre, ne serait-ce que pour illustrer la verve de Vez, je m’en voudrais de passer sous silence sa chronique de la semaine dernière sur les problèmes qui affligent le festival, le milieu culturel et toute la diplomatie canadienne dans le nouvel ordre des choses, chronique qu’il a tout naturellement intitulée «L’esprit conservateur». À lire absolument:

L’esprit conservateur
Michel Vézina
Montréal Express, le 20 septembre 2011

C’était en 2008, au Sénégal. Nous y étions, Vander et moi, dans le cadre d’un
projet organisé (et financé) par l’Agence universitaire de la Francophonie et
les Escales Improbables. Ça s’appelait Cap sur les ports francophones.

Et puis, samedi, avec (le croiriez-vous?) un ange veillant sur moi, j’ai finalisé ma préparation de ma causerie réunissant sur la scène de l’auditorium de la Grande bibliothèque plein à craquer l’écrivain Pierre Nepveu, auteur de la monumentale biographie Gaston Miron: la vie d’un homme (Boréal), et le cinéaste André Gladu, dont le documentaire Gaston Miron: les outils du poète a été présenté au public en deuxième partie de notre événement.

Le Festival a pris fin dimanche, avec la soirée Amour et libertinage que j’ai forcément manquée, revenu à Québec comme rituellement le week-end, mais dont on m’a cependant dit le plus grand bien. Il nous restera un bilan définitif à faire, qui devra attendre la semaine prochaine, quand le dernier spectacle, Extinction de Thomas Bernhard présenté au Prospero, aura quitté l’affiche. Il nous restera à tenter de voir clair à travers les brumes bitumineuses qui obscurcissent l’horizon et à inventer à ce festival aussi nécessaire que l’oxygène que nous respirons, un avenir.

Et ce sont justement les vers de Miron qui m’incitent à croire que tout n’est pas forcément encore joué.

Mes camarades au long cours de ma jeunesse
si je fus le haut-lieu de mon poème maintenant

je suis sur la place publique avec les miens
et mon poème a pris le mors obscur de nos combats

[…]

Tu sais que je peux revenir et rester près de toi
ce n’est pas le sang, ni l’anarchie ou la guerre
et pourtant je lutte, je te le jure, je lutte
parce que je suis en danger de moi-même à toi
et tous deux le sommes de nous-mêmes aux autres
les poètes de ce temps montent la garde du monde
car le péril est dans nos poutres, la confusion
une brunante dans nos profondeurs et nos surfaces
nos consciences sont éparpillées dans les débris
de nos miroirs, nos gestes des simulacres de libertés
je ne chante plus je pousse la pierre de mon corps

Je suis sur la place publique avec les miens
la poésie n’a pas à rougir de moi
j’ai su qu’une espérance soulevait ce monde jusqu’ici.

September 27th, 2011
Catégorie: Commentaires, Événements, Lectures, Réflexions Catégorie: Aucune

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