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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Soupe de Kafka… et visions de Frankétienne

Frankétienne

Sitôt sorti de studio hier soir, j’ai couru au Cabaret le Lion d’Or où se tenait la soirée bénéfice du Festival international de littérature qui prend son envol dès demain 17 septembre. Au menu, la reprise du spectacle inspiré de La soupe de Kafka de Mark Crick, florilège de délectables pastiches gastronomico-littéraires superbement rendus par les comédiennes et comédiens Catherine Trudeau, Patrice Coquereau, Kathleen Fortin, Christian Bégin et Antoine Bertrand.

Mondanités obligent, c’était aussi, beaucoup, l’occasion de trinquer en compagnie d’amis et de connaissance du milieu culturel et médiatique et de la scène politique. Mais surtout, en fin de soirée, le moment d’évoquer quelques émouvants souvenirs liés à la littérature, notamment ma première rencontre avec le monumental Frankétienne, à Rochefort-sur-Mer en 1998. Comme je le racontais à des amis qui partageaient avec moi le coup de l’étrier vers les 23h30 hier, je demeure convaincu de ne pas pouvoir oublier de sitôt ce retour vers Paris au terme de la manifestation littéraire qui m’avait mené au patelin de Pierre Loti. À bord du wagon-restaurant, en compagnie d’une poignée de confrères d’origine haïtienne (Louis-Philippe Dalembert, Lyonel Trouillot, Jean-Claude Charles peut-être et aussi Dany Laferrière), nous avions passé près de trois heures à écouter Frankétienne et le regretté Émile Ollivier bâiller des lodyans, échanger avec humour, verve et grandiloquence dans une joute verbale quasi-surréaliste, un duel amical entre redoutables escrimeurs de l’oralité comme je n’en avais guère vu depuis et comme je ne crois pas en revoir jamais plus.

Juste pour vous dire, c’est l’une des rares fois où j’ai vu mon pote Laferrière, grand verbomoteur devant l’Éternel s’il en est, se tenir coi, aussi bouche bée que le reste d’entre nous devant les trésors d’invention que nous livraient ces deux titanesques conteurs et palabreurs. Inoubliable, je vous le jure. (Dans le TGV, il y avait aussi cette hôtesse de l’air française à la beauté stupéfiante et aux jambes interminables qui suivait à distance la conversation, avec la même fascination que nous, et que j’avais fini par inviter à s’approcher de notre table, mais ça c’est une autre histoire…)

Incidemment, mon entretien avec le grand Frank est paru aujourd’hui dans les pages de l’hebdo culturel Voir et, je le rappelle, sa pièce Melovivi ou Le Piège prendra l’affiche pour deux soirs à la Place des Arts de Montréal les 23 et 24 septembre prochains.

September 16th, 2010
Catégorie: Commentaires, Événements, Réflexions Catégorie: Aucune

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