Pause-réconfort
En guise de baume sur nos plaies vives, ces quelques vers d’Anthony Phelps, ce géant de la littérature haïtienne, tirés de son poème-étendard, «Mon pays que voici».
January 16th, 2010Qui ose rire dans le noir ?
Nous n’avons plus de bouche pour parler
Quel choeur obscène chante dans l’ombre
cette chanson dans mon sommeil
cette chanson des grands marrons
marquant le rythme au ras des lèvres
Qui ose rire dans le noir ?Nous n’avons plus de bouche pour parler
Les mots usuels sont arrondis
collants du miel de la résignation
et la parole feutrée de peur
s’enroule dans nos cerveaux capitonnés
Qui ose rire dans le noir ?Nous n’avons plus de bouche pour parler
nous portons les malheurs du monde
et les oiseaux ont fui notre odeur de cadavre
Le jour n’a plus sa transparence et ressemble à la nuit
Tous les fruits ont coulé nous les avons montrés du doigt
Qui ose rire dans le noir ?Nous n’avons plus de bouche pour parler
car le clavier des maîtres mots des Pères de la Patrie
au grenier du passé se désaccorde abandonnéÔ mon Pays si triste est la saison
qu’il est venu le temps de se parler par signe
Catégorie: Lectures Catégorie: Aucune
January 16th, 2010 at 10:30
Je viens tout juste de découvrir votre site par le biais du billet sur martineau (ne mérite pas la majuscule) et je veux simplement vous remercier de me faire connaitre Anthony Phelps; pour un ignorant de la littérature haïtienne. c’est un bon début pour mes nouvelles recherches. Merci bien.
January 16th, 2010 at 15:25
Si juste, rien de plus à dire. Merci, Stan.
January 20th, 2010 at 18:44
Merci de ce beau texte. Puis-je demander à vos lecteurs de l’aide avec une traduction en anglais pour que je puisse le partager avec mes éléves? (Surtout le passage “…car le clavier des maîtres mots des Pères de la Patrie / au grenier du passé se désaccorde abandonné” qui me pose problème.)
Merci d’avance
January 21st, 2010 at 08:31
Une proposition, comme ça: «for our homeland’s founding fathers’ keyboard of magic words / up in the attic of the past is now out of tune, abandoned»…
January 21st, 2010 at 09:45
Merci bien!
January 21st, 2010 at 16:05
Je me permets de vous demander une correction de ma première tentative de traduction. Ce n’est qu’une pauvre ébauche, et j’apprécierai énormément vos commentaires. (Dans le cadre des efforts de notre lycée de montrer de la solidarité avec Haïti, mes élèves de français vont lire le texte en français et en anglais devant l’école la semaine prochaine, dont la raison pour laquelle je fais cette tentative de traduction.) Merci d’avance.
Who dares laugh in the darkness ?
We no longer have a mouth to speak with
What obscene choir sings in the shadows
This song in my slumber
This song of great chestnuts
Marking the rhythm on the edge of my lips
Who dares laugh in the darkness ?
We no longer have a mouth to speak with
The usual words are rounded off
Dripping with the honey of resignation
And the words, velvety with fear
Roll around in our padded brains
Who dares laugh in the darkness ?
We no longer have a mouth to speak with
We carry the misery of the world
And the birds have fled our cadaverous odor
The day has lost its clarity and resembles night
All the fruits have fallen away, we pointed at them
Who dares laugh in the darkness ?
We no longer have a mouth to speak with
For our Homeland’s Founding Fathers’ keyboard of magic words
Up in the attic of the past is now out of tune, abandoned
Oh my country, so sad is the season
That the time has come to speak in signs
January 23rd, 2010 at 12:31
Bonjour Kendra,
Je vous ai envoyé mes quelques corrections/suggestions directement par courriel.
SP