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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

La charge du pachyderme (suite)

Je n’ai pas trop la forme aujourd’hui, même si je suis rentré sagement et tôt après la pièce d’hier, pour bosser sur une traduction qui est très attendue et finalement me reposer en vue de l’émission que je devais animer. Un mot tout de même sur ce Rhinocéros tout à fait enthousiasmant, dominé par les performances d’Alain Zouvi dans le rôle de Bérenger et de la ravissante Évelyne Rompré (une vieille connaissance de Québec) dans celui de Mlle Daisy.

Pièce atypique dans le répertoire d’Eugène Ionesco (qui fut longtemps mon dramaturge fétiche), Rhinocéros relate la transformation progressive de toute une communauté atteinte de rhinocérocite, étrange maladie qui fait prendre à ses victimes l’aspect et le comportement de pachydermes. Même si je doute fort que Ionesco ait fréquenté l’oeuvre de Richard Matheson, il y a quelque chose de proprement mathesonien dans le processus de dégradation de la réalité ordinaire qui nous est d’abord présentée. Interprétée à l’époque comme une allégorie de l’Occupation de Paris par les nazis ou encore des invasions soviétiques d’après-guerre, la cauchemardesque pièce a gardé toute sa pertinence en ces temps où le rouleau compresseur de divers autres totalitarismes menacent hélas toujours notre individualité.

Au sortir du Théâtre du Nouveau Monde, la charmante Jacinthe qui m’accompagnait, elle-même comédienne de métier, a résumé notre enthousiasme partagé par cette formule: «Une pièce comme ça, ça donne le goût de refaire du théâtre…!»

Et comment!

December 6th, 2007
Catégorie: Commentaires, Réflexions Catégorie: Aucune

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