D’Haïti, vue comme l’antichambre de l’enfer
Hier après-midi, la sympathique Catherine Duranleau, professeure de français langue seconde au Collège Vanier, a attiré mon attention sur la lettre ouverte qu’elle signait dans Le Devoir de mardi, en réaction aux propos à la fois regrettables et irritants (mais tellement usuels) tenus par René-Homier Roy et certains membres de l’équipe de C’est bien meilleur le matin vendredi dernier au sujet des voyageurs «abandonnés» en Haïti par Air Transat. En dépit de la candeur qui teinte certains passages, son texte sincère et cinglant vaut assurément le détour:
UNE OCCASION RÂTÉE DE PROMOUVOIR HAÏTI
Catherine Duranleau
Le Devoir, 30 août 2011Commencent alors, de la part des animateurs, une série de commentaires, empreints d’émotion et d’empathie pour ces pauvres gens, obligés de rester à Port-au-Prince, misère! «Il faut le faire, ça hein!, s’indigne René Homier-Roy. On s’entend pour dire que ce n’est pas une prolongation de vacances dans ces cas-là!,» ajoute-t-il. Quand on nous fait ça à Paris, ça peut toujours aller, ajoute-t-on, citant une passagère restée bloquée. Il y avait des gens qui travaillaient le lendemain, poursuivent-ils. […]
Il n’y a pas à dire, il est vraiment révolu, le temps où l’on qualifiait Haïti de «perle des Antilles». En un sens, je comprends et partage l’indignation de Catherine; avec son lot de problèmes et de déveines, mon île natale n’a certes pas besoin qu’on noircisse systématiquement le trait dès qu’on l’évoque. Et s’il est vrai que des précautions s’imposent quand on y séjourne en raison de la misère ambiante et de la criminalité qui en découle, la patrie de Jacques Stephen Alexis n’est tout de même pas l’antichambre de l’enfer.
À ce sujet, j’aimerais à mon tour rappeler la lettre ouverte adressée l’hiver dernier aux journalistes radio-canadiens par le poète Anthony Phelps (qui a lui-même longtemps travaillé à la salle de nouvelles de la société d’État), que j’avais d’ailleurs mise en ligne sur ce blogue.
September 2nd, 2011LE PAYS LE PLUS PAUVRE DU MONDE
Anthony Phelps
Montréal, le 17 février 2011
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