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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Dans la nuit du jour 9: Paris, je reviens…

Rentré pas mal plus tard que prévu au Stanislas, à cause d’un bête accident d’auto en taxi (que je vous raconterai plus tard, promis), je termine mon sandwich et prends juste le temps de poster ce billet rédigé en train, avant de répondre au courriel et de procéder aux autres communications internationales qui s’imposent. Un jour et demi sans accès internet, pour un cyberdépendant tel que moi, ça occasionne quelques contretemps et contrariétés.

À bord du TGV Saint-Malo—Paris nolisé par l’organisation, en escale dans une localité du nom de… Laval (qui l’eût cru?), assis en face de mon marassa Michel Vézina qui somnole, je tape ces quelques notes en guise de bilan de la dernière journée des Étonnants voyageurs. Mon emploi du temps était en fait moins surchargé aujourd’hui, ce qui m’a permis de faire une marche ce matin dans les rues de la ville fortifiée, sur ses remparts. À la Maison du Québec en après-midi, j’ai retrouvé Nicolas Dickner et Louis-Philippe Dalembert pour un débat sur la francophonie et le concept de littérature monde, auquel devait participer Gary Victor (arrivé en fin de séance parce qu’il s’était perdu dans Saint-Malo) et Jean Rouaud (qui ne s’est jamais pointé). Après, c’était déjà le temps de reprendre à 19h00 le train du retour à bord duquel nous avons pu assister à quelques scènes peu gracieuses…

D’abord, dans le wagon-restaurant, Vez et moi avons été assez outrés de voir le bluesman Ladell McLin, qui avait pourtant demandé poliment aux gens dans la queue s’ils acceptaient de le laisser commander à manger pour son garçon à la santé fragile, se voir rabrouer par le serveur qui a même mis en doute la place du musicien américain à bord.

— Il a un badge du Festival au cou, a fait remarquer une dame au comptoir.

— Oh, ça ne veut rien dire, madame. On ne sait pas où il l’a prise. Y a souvent des passagers qui se faufilent sur des trains où ils n’ont pas le droit de monter.

Sur quels critères ce petit génie incapable de faire fonctionner sa caisse électronique pouvait-il bien se baser pour émettre un tel jugement? Profilage racial, selon Michel dont le seuil de tolérance au racisme et à la bêtise humaine est assez peu élevé. Encore un peu et mon marassa expliquait au serveur son point de vue sur le sujet… ou son poing de vue! Après avoir répliqué (en pure perte) à l’arrogant de service que McLin était l’un des invités du festival, j’ai calmé le jeu en commandant moi-même à manger pour son fils et lui dès que mon tour au comptoir fût arrivé.

Le plus paradoxal, c’est qu’il avait bien dans le wagon-restaurant des passagers dont aurait pu douter de la légitimité de la présence à bord : en l’occurrence, un groupe de joyeux fêtards grossiers et bruyants qui avaient peine à tenir debout et qui monopolisaient l’attention de tous et chacun avec leur lecture d’un manifeste sur la littérature-monde… Comble de la disgrâce, ces mecs se sont révélé des membres du clan Gallimard, dont l’actuel directeur de la Noire! Misère. Peut-être suis-je trop naïvement attaché à une gloire manifestement révolue, mais je persiste à croire ce patronyme nimbé d’une auréole de prestige, au contraire de ces cancres en apparence pas plus articulés que des collégiens d’Ontario en spring-break à Québec!

Quelle déchéance! Le moins qu’on puisse dire, c’est que la prestigieuse maison n’est apparemment plus ce qu’elle était.

May 24th, 2010
Catégorie: Commentaires, Événements, Réflexions Catégorie: Aucune

Un commentaire à propos de “Dans la nuit du jour 9: Paris, je reviens…”

  1. sonia a écrit:

    La prestigieuse n’est plus ce qu’elle était et la réputation de la France à ne pas savoir recevoir persiste à juste titre ! Et ce traitement désagréable et méprisant n’est pas uniquement attribué aux touristes !

    Amicalement

    Sonia

    P.S.: À Montpellier, on est plus cool. (Ce n’est pas forcement vrai mais cela me fait plaisir de le dire!)

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