Ce qu’il faut dire
La nouvelle vient de me scier les jambes. J’ai l’impression qu’une autre partie de moi m’échappe encore, m’est littéralement arrachée. Et ça fait mal, encore plus que je ne l’aurais imaginé. On m’a appris il y a quelques instants le décès de Bruno Roy, romancier, essayiste, poète et parolier, écrivain militant et engagé, homme de passion et de droiture, mon ami et prédécesseur à la présidence de l’UNEQ. Il se serait éteint cette nuit. J’ai le coeur qui bat trop vite, trop fort. Il va pourtant falloir encaisser, retrouver la maîtrise de moi-même et de mes émotions et, la tête froide, trouver les mots justes pour exprimer ce que la littérature d’ici, ce que les gens d’ici ont perdu. D’ici à ce que je puisse les formuler ces mots qui donneraient la pleine mesure de l’homme, de son oeuvre, de son legs, je ne tromperai ni mon chagrin ni ma douleur, j’observerai un silence solennel et ressasserai les mots de ce poème que Bruno avait offert à son amie Chloé Sainte-Marie et qu’elle avait enregistré sur son album Je marche à toi:
January 6th, 2010CE QU’IL FAUT DIRE
Je suis folle à la mesure de l’instant
Je chavire, je délire, je dérive
Je vole en éclats de soleil
J’habite une joie très abîmée de douleur
Je n’ai que mes troubles pour vous tendre la main
Je n’ai que ma brûlure pour marcher avec vous
Je n’ai que les ruines de la mort pour devenir vie
Je n’ai que moi-même pour tout dire
L’ombre à mon cou, je n’ai pas peur
Non, je ne me retournerai pas
J’irai chercher dans tes mains ce courage qui t’a fait
Oui, j’irai par un jour de lumière apprendre à mourir
Pour me rapprocher de moi
Pour me rapprocher de toi
Pour dire ce qu’il faut dire
Catégorie: Nouvelles Catégorie: Aucune
January 6th, 2010 at 14:34
Quelle mauvaise nouvelle… Je t’offre mes plus sincères sympathies.
Profite bien de ton voyage en Haïti.
Nadia xxx
January 6th, 2010 at 14:49
Je fais silence avec toi, Stanley.
Je t’offre mes condoléances xx
January 6th, 2010 at 15:13
Salut Stanley,
Je n’en reviens pas… Je suis allé écrire quelque chose sur le babillard de Roger Des Roches… Je tenais à te communiquer toute ma surprise, toute ma douleur. Je comprends très bien le trou que ça te fait, il ressemble probablement au mien. T’embrasse,
jm
January 6th, 2010 at 16:12
Stanley,
J’imagine le vide qu’il peut laisser à quelqu’un qui l’a côtoyé de si proche. Tu as toute ma compassion.
Quel monsieur touchant, il y a quelques années, on avait collaboré… pas grand’chose une préentrevue avant une table ronde. Et si j’avais été touchée de l’oeuvre derrière le militant, j’avais été tout aussi remuée par la sincérité de l’homme, il allait rompre avec son cycle d’orphelin pour qu’un autre univers d’écrivain émerge. Depuis, chaque fois que je le croisais il me manifestait sa gentillesse gauche et sincère de grand homme-garçon qui s’est élevé tout seul. Je suis certaine qu’il t’a bien accompagné.
Un destin bien à lui. Qu’il repose en paix, Bruno Roy.
Marie
January 6th, 2010 at 18:10
Bonjour!
je viens d’apprendre cette nouvelle. J’ai connu Bruno chez Janou Saint-Denis et ce poète a toujours encouragé les jeunes de la relève… Une grande perte pour le milieu de la poésie québécoise…
January 6th, 2010 at 20:21
Je suis dévasté et atterré! Il avait encore bien des choses à écrire. Et il laisse dans le deuil un petit-enfant pour lequel il prenait tant de plaisir à jouer au grand-papa gâteau! Grande tristesse!
January 6th, 2010 at 20:30
Stanley,
J’ai si peu de mots… il y avait tant de tendresse complice, chaque fois, entre nous… Une autre mélodie inachevée. T’embrasse, bel ami,
France
January 6th, 2010 at 21:39
C’est la radio qui diffuse la terrible nouvelle. Je cours à Internet y voir de plus près. C’est bien ça. La photo et les détails. Bon sang de bon sang!
Bruno, c’est pour moi le synonyme de mon arrivée à l’UNEQ, il y a vingt ans avec mon premier livre. C’est ensuite, le gars de tous les défis… Quelle perte!
Je garde de toi le meilleur des souvenirs.
Denys Bergeron
January 6th, 2010 at 21:39
Cher Stanley, j’ai vite pensé à toi quand j’ai appris la nouvelle. Je me souviens que tu m’avais parlé de Bruno comme d’un mentor, d’un homme qui comptait pour toi. Pour l’avoir à peine connu lors d’un salon du livre, échangé quelques mots, c’est quand même sa droiture et sa bonté qui m’avaient frappée. Une grande perte. Un beau souvenir.
January 7th, 2010 at 00:19
Je viens toujours d’apprend le décès de Bruno Roy. Je suis atterrée! Depuis le 23 décembre, je revenais aux forces vives d’un homme qui, à contre-courant, s’est fait tout seul. Je reviens à une lettre qu’il m’écrivait le 23 juin 1998, là où il dit: «je n’ai pas demandé à l’écriture de se souvenir. Je lui ai demandé de m’inventer (…). Dans mon cas, la nécessité de la littérature doit être comprise comme une totalité de mon être: le goût de l’unité.» Pour un mince fragment de cette lettre, mais elle résume le Bruno Roy que j’ai toujours admiré et aimé pour son sens de la justice, pour sa capacité d’ouvrir à la parole libre d’où que viennent ces paroles! À l’heure du Regroupement des auteurs-éditeurs autonomes, il fut l’un des rares à créer des liens avec les essayistes du RAEA. Sa disponibilité me manquera, mais en moi, l’homme et l’ami demeureront vivants!
January 7th, 2010 at 06:55
Merci, merci à vous tous et toutes, chers amis et amies. C’est un grand vide qui vient de se creuser dans nos rangs, qui nous obligera à resserrer ceux-ci, en toute complicité, en toute solidarité, ainsi que Bruno nous l’avait appris au fil des ans.
January 7th, 2010 at 22:33
Condoléances à tous les écrivains pour cette grande perte! Bruno Roy était un grand homme, un écrivain prolifique avec une oeuvre riche et diversifiée. C’est un grand vide que se dessine dans le tableau littéraire du Québec.
Marie-Soeurette Mathieu, écrivaine
January 8th, 2010 at 09:50
Je vous envoie toutes mes amitiés et vous souhaite un bon séjour en Haïti.
Amicalement,
Sonia