Atterrir
Je viens tout juste de rentrer. Au Palais Montcalm, ce soir, j’ai plané au son de la musique du prodigieux trompettiste Christian Scott, qui se produisait en concert dans le cadre du 3e Festival de jazz de Québec. Et puis, j’apprends via Facebook le suicide de Nelly Arcan. Quel drôle d’atterrissage!
September 25th, 2009Catégorie: Commentaires, Nouvelles Catégorie: Aucune
October 6th, 2009 at 21:49
À Nelly Arcan
Lettre livrée à l’indifférence du vide et au devenir innocent du monde…
Nelly,
Tu te sentais vide. Mais voyons: nous sommes tous vides. Comme toi. Utilisés. Trompés constamment. Ta sensibilité t’avait amenée à creuser ce vide, afin de voir s’il y avait quelque chose en dessous. Mais voilà, le Vide n’a pas de volume. Et il ne faut surtout pas l’interroger. Puisque les questions qu’on lui pose partent de lui et se terminent avec lui.. La seule façon d’utiliser le vide est de lui parler indirectement. De ne pas lui adresser la parole en tant que tel, mais de simplement le laisser résonner, raisonner en nous. Devant lui et derrière lui, il n’y a rien. Surtout pas en lui, puisqu’il n’existe pas… Il faut qu’il glisse en nous. Et nous, forme surnuméraire, l’oublier. Nelly, tu as rapidement habité le mystère des mots de ta main gauche et tu as tenté de l ‘attraper. Nous avons perdu cette merveilleuse résonnance de ton corps sur les réactions fulgurantes de ta source. Car tu écrivais très, très près d’elle. Ce n’est pas donné à tout le monde. En terminant, je te cite: «Entre moi et la Réalité, il y avait une grande différence d’âge.» Je te laisse, à regrets, sur ton absence décidée. Sur ta grande différence d’âge. Là où loge aussi ceux qui n’ont pas besoin de la Réalité pour discourir entre eux.