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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Ma «p’tite soeur»

Sans doute le fait de l’avoir revue samedi après-midi, aux funérailles de Paul-Marie Lapointe, m’a donné le goût de replonger dans ses proses et poèmes au style inimitable, à l’émotion toujours vraie, au propos toujours pertinent et lucide. Je parle d’Hélène Monette, «l’auteure d’Unless», que je surnomme affectueusement ma «p’tite soeur» depuis ce voyage dans le Limousin organisé par l’UNEQ en 1995, au cours duquel notre amitié s’est scellée.

Accompagnés du directeur général de l’Union, Pierre Lavoie, qui faisait office de maître de cérémonie et du claviériste et compositeur Pierre St-Jak, D. Kimm, Louis Hamelin, Hélène et moi tournions dans la grande région de Limoges à l’occasion d’un festival de théâtre et de littérature. Dans le cadre d’un cabaret littéraire ironiquement intitulé Pas de chicane dans ma cabane (en guise de clin-d’oeil à la proverbiale cabane que viennent trop souvent chercher les p’tits cousins français de ce côté-ci de l’Atlantique), nous présentions quelques uns de nos propres textes mais aussi des oeuvres de nos contemporains. Ah, que de souvenirs…!

Paru au Boréal en mars dernier, le plus récent recueil d’Hélène, qui trônait d’ailleurs sur ma pile de livres lire, s’intitule Là où était ici. Comme de coutume chez elle, les textes de forme diverses lancent un appel à la résistance, à la rébellion contre les sirènes du kitsch et du toc ambiant, mais réservent aussi une place de choix à la tendresse et à la nostalgie. Je cite, (presque) au hasard:

Quand bien même tout ce qui est dans le paysage t’appartiendrait
quand bien même il y aurait un piano dans ton canot
quand bien même je serais sourde
il y aura le partage de ce que vieillir aura coulé de corsé
dans nos mots timides
il y aura ce café
comme un ruban de chapeau pedu
il y aura un ronronnement continu
le bruit de nos voix, attributs pacifiques
nos rêves cent fois envolés, nos rituels gauches
il y aura sans répit les demi-certitudes
les liens légers
quelque décorations de guerre à ne pas montrer
quand bien même on aurait une discussion mémoirable
à propos de l’oubli
pour ou contre le fugace
qu’importe l’aléatoire
[…]

Nul besoin de m’étendre sur ce qui dans ces vers m’interpelle et me rejoint.

August 30th, 2011
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