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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Pas jojo, dame Littérature…?

Un mot tout de même, en guise de réaction tardive à la cérémonie de remise du Prix des libraires du Québec, qui se tenait lundi soir au Cabaret le Lion d’Or, cérémonie toujours sympathique même si un tantinet longuette en raison de la lecture d’extraits des bouquins en lice par des comédiens. Ce n’est plus une nouvelle, certes, mais il me faut adresser des félicitations aux lauréats Philippe Claudel (dans la catégorie «roman étranger» pour son livre Le rapport de Brodeck, paru chez Stock et déjà primé en France) et Rawi Hage (dans la catégorie «roman québécois» pour Parfum de poussière, paru chez Alto qui s’est retrouvé cette année avec trois titres dans la course, bravo à l’éditeur Antoine Tanguay!). J’étais content de constater qu’on a pas fait trop de chichi médiatique autour du fait que le livre québécois primé ait été écrit et publié initialement en anglais (sous un titre infiniment plus évocateur, De Niro’s Game). Manifestement, notre définition de la littérature d’ici évolue et se fait plus inclusive, ce que j’applaudis.

Je n’applaudirai cependant pas ce commentaire de la maîtresse de cérémonie et porte-parole du Prix, la comédienne Catherine Trudeau, qui déplorait en début de soirée que les livres en nomination cette année n’étaient pas très joyeux, et que la lecture de ceux-ci avaient rendu son hiver un peu plus triste. Même proférée sur le ton candide qui était le sien, cette remarque m’a semblé déplacée, dans la mesure où elle donnait l’impression d’invalider à l’avance le choix du jury. Quelqu’un devrait peut-être expliquer à la gentille demoiselle qu’un prix littéraire ne se décerne pas sur la base de l’optimisme qui se dégage d’un roman. La littérature est le reflet d’une époque et ce n’est certes pas innocent si les deux titres honorés abordent le thème de la guerre. Par ailleurs, pour citer un mot radical de Franz Kafka à propos de la nécessité de remettre en question les idées reçues (dont le jovialisme ambiant propre à notre époque tout entière livrée aux diktats de l’entertainment): Nous ne devrions lire que les livres qui nous mordent ou qui nous piquent. Si un livre ne nous assène pas un coup sur la tête, à quoi bon le lire?

May 15th, 2008
Catégorie: Lectures, Nouvelles, Réflexions Catégorie: Aucune

Un commentaire à propos de “Pas jojo, dame Littérature…?”

  1. Jack a écrit:

    Ce cher Franz Labyrinthe disait : «Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous.»

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