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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Jour 3: Au revoir, Pays-Bas…

Trop bref, ce séjour. Je le constate avec d’autant plus de désolation que je me le disais depuis le début. Au moins, l’activité d’hier à l’espace Forum Images de Groningue s’est révélée des plus intéressantes, même s’il faut déplorer que le nombre d’auditeurs n’était pas des plus imposants. La littérature, hélas, n’a jamais fait courir les foules. J’ai finalement opté pour la lecture d’un extrait de Bizango (la scène de la rencontre entre Gemme et le personnage éponyme), plutôt que pour le texte inédit sur mon écriture auquel je travaillais depuis quelques jours, et dont la rédaction m’aura au moins servi à mettre de l’ordre dans mes idées sur la thématique centrale abordée lors de la table ronde qui suivait nos lectures.

Outre Marie-Célie Agnant et Felicia Mihali, j’étais entouré de deux écrivains néo-néerlandais: le romancier d’origine libérienne Vamba Sherif et le romancier, scénariste, comédien et réalisateur d’origine libanaise Alexandro Barjas. (La dernière invitée, Lamia Makkadam, n’ayant jamais donné signe de vie.) Pendant un moment, j’ai redouté que notre discussion s’enlise dans des considérations trop sociologiques sur le parcours des immigrants, les difficultés d’intégration, la nostalgie du pays natal et la notion d’exil (nous avions en effet tous en commun d’être des écrivains «migrants»), mais grâce à l’animation discrète de Jeannette den Toonder, l’échange a pu se recentrer sur des aspects plus littéraires de nos démarches respectives. Après tout, ces concepts ne me semblaient intéressants que dans la mesure où on les aborde du point de vue de leur influence sur les choix esthétiques et thématiques de chaque créateur.

Mes collègues et moi avons ensuite poursuivi nos échanges dans la convivialité, sans le grand public mais autour d’une table à l’étage du bistro de cette manière de maison de la culture qui accueillait l’événement. Hélas, je ne pouvais guère m’éterniser dans cette ambiance chaleureuse, puisqu’il me fallait courir à la gare ferroviaire pour prendre le train vers Amsterdam. Je n’étais heureusement pas le seul à quitter prématurément le bistro, puisque Barjas et l’écrivain et documentariste Ronald Bos (qui était venu assister à notre manifestation) devaient eux aussi rentrer par le même train.

Ces messieurs et moi avons prolongé nos discussions en y ajoutant des détails et précisions sur notre trajectoire et notre démarche respective. Pour des raisons évidentes, j’ai été notamment fort intrigué par le nouveau projet de film de Bos, qui portera sur Albert Camus et la Hollande. (L’action de mon roman fétiche de l’écrivain franco-algérien, La Chute, faut-il le rappeler, se déroule à Amsterdam.)

Après avoir dit au revoir tour à tour à Barjas (à la faveur d’une correspondance) puis à Bos (qui descendait quelques stations avant le terminus), je suis enfin arrivée à Schiphol, dans cette succursale de la chaîne hôtellière CitizenM qui m’a littéralement époustouflé par son design ultra-futuriste digne d’un épisode de Star Trek. Le nerd gadgetteux en moi ne revient toujours pas de cette aire ouverte, dont quasiment toutes les commodités sont contrôlées par une manette de télécommande, avec douche et cabinet d’aisance installés dans des sections tubulaires aux parois en verre opaque coulissantes…

Mais voilà que je dois déjà remettre à plus tard la suite de mon récit de voyage, l’heure de mon vol approchant à grands pas. J’ai beau être à un jet de pierre du comptoir d’enregistrement, il me faut tout de même prendre mes pattes et y aller à défaut de pouvoir me téléporter…

Au revoir, Pays-Bas, alors. Et vivement Paris!

November 7th, 2011
Catégorie: Commentaires, Événements, Réflexions Catégorie: Aucune

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