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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Chicago sans toi [III]

La (première) grande soirée a eu lieu hier, alors que nos hôtes du Sofitel nous ont conviés, Dany, Maggie et moi, à un souper gastronomique au Café des architectes, le restaurant de l’hôtel. Soirée des plus conviviales au cours de laquelle nous avons notamment eu le plaisir de faire la connaissance du mari d’Aimée Laberge, le journaliste Kevin Tibbles, tout frais revenu du patelin de sa femme où il était parti couvrir la tuerie au Centre culturel islamique de Québec.

Également à table avec nous, la ravissante Erica Bauer, jeune responsable des relations publiques et marketing du Sofitel, ainsi que la charmante Titilayo Ayagande, photographe recrutée par l’Alliance française de Chicago pour documenter les activités du week-end, et son sympathique conjoint Maxime Bonnard, notamment passionné de musique de danse électronique et cofondateur du site Allinelectro.com. Titi, qui est également violoncelliste classique, m’a épaté en me révélant qu’elle comptait quelques apparitions comme figurante dans des épisodes d’Empire, une de nos séries télé fétiches à mon fils Philippe et moi. On pouvait notamment la voir au sein de l’orchestre de chambre réquisitionné pour le mariage avorté de Hakeem Lyon (Bryshere « Yazz » Gray).

Nous avons quitté la table et l’hôtel, sans Maggie qui croulait de fatigue, pour nous rendre au premier des deux clubs de jazz inscrits au programme, le Jazz Showcase fondé en 1947 par Joe Segal et géré aujourd’hui par son fils Wayne, qui nous a chaleureusement accueillis, en nous présentant d’abord son père nonagénaire, assis au comptoir de la réception. En me présentant son poing pour que je le heurte gentiment avec le mien, Joe donne l’impression d’être toujours habité par la ferveur des années où défilaient sur sa scène des artistes tels que Count Basie, George Benson, Art Blakey & the Jazz Messengers, Bill Evans, Miles Davis et bien entendu Charlie Parker, dont le portrait orne quelques murs et même l’arrière de la scène.

Le Jazz Showcase est un lieu hanté par sa prestigieuse histoire. Joe Segal y a lui-même supervisé en 1970 l’enregistrement devant public de l’album The Chase (Prestige), sur lequel Dexter Gordon et Gene Ammons croisaient le cuivre. En 1992, Ahmad Jamal y gravait en trio son fameux Chicago Revisited (Telarc). Et pendant des années, Dizzy Gillespie avait l’habitude de célébrer son anniversaire de naissance sur la scène du prestigieux club. Ce soir, c’est la fête de la chanteuse Dee Alexander, gloire locale qui mériterait d’être bien plus connue. Animée d’une irrésistible soul qui n’est pas sans rappeler sa majestueuse aînée Dianne Reeves, Alexander nous offre une ribambelle de standards ponctuée de savoureuse anecdotes. Je songe notamment à celle sur « Guess Who I Saw Today », une des chansons fétiches de sa mère et le sens caché de cette affection pour ce texte sur l’infidélité masculine…

Nous avons pris le temps de prendre quelques photos et de saluer la fêtée mais, sous l’effet du décalage horaire, Dany a choisi de rentrer sagement à l’hôtel tandis qu’Aimée, Erica, Titi et moi prenions la direction du Andy’s Jazz Club, autre lieu de Chicago associé à de tendres souvenirs. Notre réservation étant pour le dernier set à 23h30, il nous a fallu traverser prendre un cocktail dans le bar d’en face en attendant. À l’heure dite, le set de Pharez Whitted, nouvelle découverte à moi ne m’a pas déçu. Trompettiste et bugliste dont la fougue n’interdit ni la tendresse ni une certaine délicatesse, Whitted naviguait sur les accords et mélodies de thèmes originaux, tantôt vigoureux, tantôt langoureux, toujours très funky. J’aurai l’occasion de discuter avec lui de ses influences et de ses projets demain après-midi, quand il passera à mon hôtel pour m’accorder une entrevue exclusive.

 

February 12th, 2017
Catégorie: Commentaires, Événements, Lectures, Réflexions Catégorie: Aucune

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