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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Retour sur l’Outaouais

C’est drôle que quelques jours après un séjour plus qu’agréable en Outaouais, assoupi dans le bus qui me ramène de Québec à Montréal, me revienne en mémoire le fort déplaisant souvenir d’un précédent passage à Ottawa, il y a une quinzaine d’années. Ma blonde de l’époque, Marie-Jo, suivait un stage de perfectionnement aux archives nationales et nous étions descendus pour la deuxième fois chez une parente de ma mère au coude plutôt léger et à la mèche courte.

Le lendemain de notre arrivée, tandis nous revenions d’un souper avec les condisciples de Marie-Jo, outrée par l’incapacité d’une téléphoniste quelconque de prononcer son nom, la cousine, visiblement soûle, s’était mise à hurler après.

I’m a doctor! vociférait-elle dans le combinée, complètement déchaînée. I’m a doctor like my father before me was a doctor also and you can’t even get my name right?

Et une fois le téléphone raccroché, la harpie s’en était prise à la seule femme Blanche à sa portée, ma blonde, qu’elle avait abreuvée d’un déluge de mots orduriers, tout à fait indignes de ce statut de médecin qu’elle n’avait cessé de revendiquer à son interlocutrice téléphonique. J’avais dû ramasser nos affaires en catastrophe et courir comme un fou à travers les rues assoupies de cette banlieue cossue à la recherche de Marie-Jo qui s’en était enfuie, heurtée et profondément blessée par la violence de cet injuste procès qu’elle venait de subir.

Plus tard, dans la chambre d’hôtel que nous avions pu trouver, place du marché, ma blonde s’était endormie à force de larmes et de sanglots, au creux de mes bras qui ne pouvaient lui offrir qu’un maigre réconfort.

Quant à la cousine de ma mère, je l’avais dès lors rayée de mon existence. En digne héritier du défunt Mèt Mo, qui était passé maître dans l’art de la rancœur, je ne lui ai jamais reparlé depuis…

March 7th, 2008
Catégorie: Commentaires, Réflexions Catégorie: Aucune

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