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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Jour 10: Cracovie, nous voici…

Pour citer mon amie (ma p’tite soeur) Hélène Monette, nous avons amplement exagéré. Je parle de Jacques Kuba Séguin et moi, qui sommes restés très tard dans la pénombre de ma chambre au Mercure Grand de Varsovie, à siroter de la Żubrówka en écoutant des extraits de la pile de disques que nous avons chacun reçus en cadeau de Pawel Brodowski, de Marek Gaszyński et de tous les musiciens présents à la chaleureuse soirée organisée à la Galeria Freta par l’équipe du futur Muzeum Jazzu. Kuba et moi sommes désormais catégoriques: pour bien rendre compte de toutes les découvertes effectuées durant ce voyage, il faudrait que nous co-présentions une de ces émissions d’une nuit complète que j’ai pris l’habitude d’animer deux fois par année à l’antenne d’Espace musique depuis la commémoration du vingtième anniversaire de la mort de Miles Davis en 2011. Et pourquoi pas dans la nuit du 2 au 3 mai prochains, le 3 mai étant la fête de la constitution polonaise de 1791, par des nobles sous le règne du dernier roi de Pologne et grand-duc de Lituanie, mon quasi-homonyme Stanislas II? Cela constituerait en plus une culmination parfaite et une conclusion grandiose à l’année de Jacques comme Révélation Radio-Canada Jazz 2012-2013…

Il ne me reste plus qu’à convaincre mes supérieurs à la radio…

Vodka à l’herbe aux bisons ou pas, il faut bien se résoudre à se coucher, d’autant plus que nous avons rendez-vous en fin de matinée avec mon interprète et guide Beata, qui nous a promis une visite du réputé Musée Frédéric-Chopin.

Situé dans le luxueux palais de la famille Ostrogski, le musée a officiellement ouvert ses portes dans les années 30. Dès 1935, l’ancien Institut Fryderyk Chopin avait commencé à constituer ses collections, en rachetant notamment aux proches du compositeur quelques manuscrits de grande valeur. Rénové à grands frais il y a quelques années, le musée biographique le plus moderne en Europe propose la rencontre entre le monde réel et le le virtuel, par le biais d’expositions multimédias et d’écrans tactiles. Armé de nos cartes d’accès électroniques, Jacques et moi cheminons dans le sillage de Beata dans les quinze salle d’exposition, avec l’impression de traverser un décor de la série Star Trek. Notre billet nous permet d’écouter de la musique dans de petites cabines aux allures de télétransporteur ainsi que les commentaires explicatifs disponibles en plusieurs langues. Assez hallucinant, merci.

*

Nous aurions pu passer des heures au Musée, hélas notre emploi du temps chargé ne nous le permet pas. Attablé au Tamka 43, le café attenant, j’écoute Beata évoquer cette histoire épique, que Jacques connaissait déjà, évidemment. Du haut de la plus haute tour de la basilique Sainte-Marie à Cracovie, notre prochaine destination, un héraut sonne toutes les heures du clairon un air traditionnel, transmis à midi en direct à la radio dans toute la Pologne, histoire de rappeler à toutes et tous ce trompettiste du XIIIe transpercé d’une flèche alors qu’il sonnait l’alarme d’une invasion tartare. J’ai toujours raffolé de ces anecdotes pittoresques. Apprenant en plus que l’air traditionnel en question est systématiquement interrompu, pour mieux évoquer la mort héroïque du héraut médiéval (jeux de mots!), je suggère à Kuba de s’en inspirer pour un morceau particulièrement syncoper. Mais il se trouve qu’il a déjà joué une adaptation jazz de cette mélodie. Tant pis pour mes idées…

Cela dit, nous travaillons depuis quelques jours à concrétiser ce projet, inspiré par les propos d’Agnieszka, notre première guide, qui se plaignait du froid atypique pour le printemps à Varsovie. Dimanche, j’avais proposé que Kuba et moi écrivions, en anglais, une chanson à la manière des standards d’autrefois (32 mesures, structure AABA) qui évoquerait ce mois de mars trop frisquet selon les habitants de Varsovie. Après « April in Paris »,  « Last Summer in Rio », « Autumn in New York », pourquoi pas « March in Warsaw »? J’avais déjà soumis une première mouture du texte à Jacques, qui profitera de notre voyage en train pour peaufiner la mélodie sur laquelle il entends coucher mes vers, qui désormais se lisent comme suit:

MARCH IN WARSAW
(Paroles: Stanley Péan / Musique: Jacques Kuba Séguin)

‘Tis March in Warsaw
It’s much colder that I thought
I can feel winter’s claw
Digging so deep

‘Tis March in Warsaw
And the solace that I sought
Should come with the thaw
Still I just can’t sleep

I never guessed I’d miss you so
Never thought I’d miss your glow
I never guessed I’d go beserk
To the sound of mazurkas

‘Tis March in Warsaw
The season for a fresh start
Chopin’s ghost I think I saw
And I know who stole my heart

La chanson prend forme, les idées de Jacques se sont très vite précisées depuis que je lui ai donné le texte. C’est une histoire à suivre…

Mais d’ici là, nous voilà à Cracovie. Mon ami trompettiste a tout juste le temps de s’enregistrer avec Beata et moi à l’hôtel Lander que déjà il doit filer rejoindre ses musiciens au Harris Piano Jazz Bar pour leur dernier concert ensemble. Retrouvailles et adieux à l’horizon…

March 27th, 2013
Catégorie: Commentaires, Réflexions Catégorie: Aucune

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