stanleypean.com


Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Haïti 2014, jours 10 et 11: Un dimanche sous la tonnelle au Morne Hercule

Pas grand’chose à signaler pour ce samedi, journée de répit pendant laquelle j’escomptais me remettre de mes émotions et refaire mon énergie. À la place, Katel et moi avons sillonné les rues de Pétionville à la recherche de guichets automatiques pour retirer les sommes nécessaires au règlement des détails financiers de la tournée. Et puis, il fallait aussi faire les courses pour le grand dîner que nous entendions donner chez Bertrand Roy, question de fraterniser avec des amis, dont ces personnes dont le soutien a rendu notre expédition possible.

Ce matin dès l’aube, je me suis donc mis à la popote pour mitonner un couscous aux légumes, avec en marge du cabri grillé, du poulet aux olives et des saucisses italiennes grillées (faute d’avoir pu trouver des merguez au marché). Mes indications pour se rendre chez Bertrand, sur le Morne Hercule, semblent suffisamment claires pour que personne ne se perde. Sous la tonnelle, sont réunis Lyonel Trouillot, Joël Widmaier et sa conjointe Miléna Sandler, Colette, son mari et leur neveu; à ceux et celles-ci s’ajoutent Nicolas (le fils de Bertrand, que je reconnais du temps où lui et moi fréquentions le Bar populaire rue Saint-Laurent à Montréal), son épouse Johanne, leur bambin Louis et deux jeunes filles de leur entourage, le sympathique James Saint-Félix dit « Ti-Poète » accompagné d’un de ses potes et enfin Widlo.

Pendant quelques heures, nous partageons le repas, le vin, la bière, les anecdotes cocasses jusqu’à ce que le départ de Lyonel signale la fin des festivités. Comme Joël et Miléna, il entend assister à l’avant-première de Brakoupe (« bras coupé »), la toute nouvelle pièce de Syto Cavé présentée au Collège Saint-Rose de Lima en cette veille de la onzième édition du Festival de théâtre Par quatre chemins. Pas besoin de me tordre le bras pour que je décide d’y aller aussi, flanqué de Katel et de Ti-Poète.

Sy

Devant un parterre parsemés de quelques visages familiers (dont le poète Georges Castera), trois comédiens (dont un dénommé Bertrand Roy!) prêteront voix et corps à la poésie de Cavé. La pièce exprime la difficulté de porter à la scène le drame d’un malheureux qui, gamin, s’est vu couper le bras à la machette pour avoir osé aller chercher son ballon sur la propriété d’un bourgeois particulièrement jaloux de ses possessions. Acteurs de théâtre, les trois personnages cherchent comment incarner le drame, comment dire la douleur de Brakoupe, cette figure tragique à tout jamais définie par son membre amputé. La métaphore est forte, éloquente; le texte et la mise en scène de Cavé sont sobres et efficace. Une réussite.

Je prends le temps de saluer l’auteur que je n’ai pas croisé depuis des années, qui me prie de transmettre ses amitiés à Anthony Phelps, Serge Legagneur et ses autres vieux complices basés à Montréal. Puis ce sera le retour au Morne Hercule et la fin du week-end de répit. Demain, chose promise, chose due, je prononcerai enfin ma conférence sur les écrivaines et écrivains haïtiens du Québec.

November 24th, 2014
Catégorie: Commentaires, Événements, Réflexions Catégorie: Aucune

≡ Soumettez votre commentaire