stanleypean.com


Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Haïti 2014, jour 3: Un peu plus haut, un peu plus loin…

J’avais candidement imaginé que j’aurais quartier libre pour la journée, mais ce ne sera pas tout à fait le cas. En l’occurrence, il faut tenir une autre réunion avec Prophète et Mackenzie, question de préciser certains objectifs et certains détails logistiques de la tournée de Cirque Kreyòl qui débutera mardi. Et voilà qu’on me propose de rencontrer en fin d’après-midi le guitariste, poète et professeur Claude Carré, qui sera le modérateur de ma conférence sur Haïti et le jazz mercredi prochain, et que je songe d’autre part à interviewer pour Quand le jazz est là.

Katel ayant renoncé à passer par la banque ce matin, nous optons tout de même pour une petite sortie en dehors de la capitale, du côté de Kenscoff et même au-delà. Bertrand nous a parlé de la commune de Furcy, nichée sur l’un des plus hauts sommets de cette terre, dont le nom ne signifie-t-il pas quelque comme « île montagneuse » en langue taïno? S’aventurer hors de Port-au-Prince, c’est déjà un peu changer de pays… si bien que même Wilyo, notre chauffeur, est un peu largué, privé de ses repères usuels.

Plus nous nous élevons loin de la mer, plus la végétation change : autour de la route que nous suivons, il y a de moins en moins de palmiers, de plus en plus de conifères. Depuis notre arrivée jeudi, j’avais remarqué cet immense nuage de brouillard qui s’appesantissait sur le haut des mornes, au loin. Il fait toujours aussi humide, mais l’air est plus frais. Si bien que Katel déplore de n’avoir pas pris une petite laine, une frilosité qui me fait rigoler un peu : serait-ce les origines bretonnes de la directrice de Clowns Sans Frontières qui se révèlent plus manifestement? En chemin vers Furcy, dont Bertrand nous a vanté le décor, les paysans sont comme toujours très avenants, chaleureux, même si leurs indications contradictoires ne nous permettent pas de trouver le chemin de l’auberge Rustik. Du haut de la plus haute montagne du coin que nous avons gravie en suivant la route sinueuse à bord de notre camionnette, nous trouvons les antennes de transmission de la Teleco mais la brume est beaucoup trop dense pour que nous puissions admirer le paysage.

Katel-Boutillier

Le temps file et il faudra remettre à une prochaine fois l’escale à l’auberge Rustik. Katel propose un petit resto à flanc de montagne près de l’Observatoire de Boutillier, dans la zone de Laboule, où elle avait mangé avec Bertrand à l’une de ses précédentes visites en Haïti (elle en est à sa troisième, depuis avril). De la terrasse, on peut contempler tout Port-au-Prince étalée à perte de vue jusqu’aux plaines et aux montagnes au nord, la baie, le centre-ville, les grandes artères, les bidonvilles. (Découvrant que le vertige m’interdit de trop m’approcher du garde-fou, au tour de ma compagne de voyage de se payer ma gueule. Ça va, c’est de bonne guerre : je ne suis pas susceptible, mais sujet à des étourdissements contrariants…) Certes, le resto vaut davantage le détour pour le panorama urbain qu’il offre aux visiteurs ébaubis que pour sa cuisine, mais cela ne veut pas dire qu’on y mange mal : les akras en amuse-gueule ne sont pas mauvais, le gryo qu’a choisi Katel tout à fait respectable et, personnellement, je me délecte de mon plat de lambi en sauce. Mais au risque de me répéter, nous ne pouvons jouer les touristes indéfiniment car on nous attend à Pétionville à 15h00 puis dans le bas de Port-au-Prince vers 17h30.

Malgré notre retard bien involontaire, la réunion avec les leaders de Cirque Kreyòl tenue dans le petit jardin de la maison de Bertrand se passe bien. Chacun sait désormais ce qu’il lui reste d’ici le début de la série de représentations dans les écoles communales, auxquelles s’ajoute une autre prestation à la demande de l’Ambassade du Canada. Katel et moi parlons d’une expédition de repérage et de détente à Jacmel pour le lendemain, et nos protégés Prophète et Mackenzie semblent partants.

Sitôt cette séance de travail terminée, il nous faut sauter à bord de la camionnette et filer à travers les embouteillages du crépuscule vers le local sur la Deuxième Ruelle Jérémie, via Lalue, pour arriver au local où chaque samedi Claude Carré donne son séminaire d’harmonie jazz à de jeunes musiciens locaux. En attendant de pouvoir m’entretenir avec lui, j’assiste aux dernières minutes de sa leçon, j’observe ses étudiants, mais de cela il sera plus amplement question sur mon autre blogue, accessible via ICIMusique.ca.

November 16th, 2014
Catégorie: Commentaires, Événements, Réflexions Catégorie: Aucune

≡ Soumettez votre commentaire