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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Escapade outaouaise

Agréable somme toute, cette brève escapade outaouaise qui mêlait plaisir et traval, hier et aujourd’hui. Les cafouillages autour de la location de la voiture m’ont empêché de me joindre à la gang de Mélissa Proulx pour l’apéro — sitôt arrivé à Ottawa, c’était déjà l’heure du concert de Chris Botti au Centre national des arts. Qu’à cela ne tienne: après que j’aie vitement serré la main au trompettiste en séance de dédicaces dans le hall du théâtre au sortir du concert, on s’est tous retrouvés chez Christine Moisan et son conjoint Patrick: Mélissa, son copain Dan, Johanne et moi pour une pointe de pizza, une salade de chicons et bien du rouge, du bien bon rouge. Et des conversations animées. Prof de socio, mélomane, ex-violoncelliste et aspirant trompettiste, Pat s’explique mal mon enthousiasme pour la musique et le personnage de Botti; il m’a donc fallu tenter de justifier mon engouement pour ce plaisir coupable, qui m’apparaît comme l’héritier de la veine «populaire» d’un Miles Davis (par opposition à Wallace Roney ou Erik Truffaz, par exemple, qui se sont davantage engagés sur les sentiers du risque et de l’expérimentation).

Cela dit, au terme de la première partie du concert d’hier soir, j’avais craint le pire; ces trois quarts d’heure de musique de Broadway interprétée par l’orchestre du CNA dans des arrangements clinquants, désuets et quasi folkloriques m’étaient apparus de mauvais augure. Irving Berlin, dont les plus belles mélodies ont fait l’objet d’un pot-pourri laborieux, c’est bien quand c’est interprété par des jazzmen de la trempe de John Coltrane et Johnny Hartman, par exemple. Composé de musiciens manifestement compétents, l’orchestre du CNA sous la direction de Jack Everly m’a surtout agacé avec ces relectures d’un kitsch insupportable. De la muzak, ni plus ni moins. Cela dit, les abonnés de la série Pops du Centre semblaient comblés, comme quoi tous les goûts sont dans la nature…

Chris Botti

Heureusement pour moi, la deuxième partie du concert était plus conforme à mes attentes. En très grande forme, Chris Botti et les excellents musiciens de son quintette ont enchaîné les quelques standards ou mélodies populaires figurant sur ses plus récents CD avec aplomb et inspiration. Certes, c’est du jazz pop, parfois même un peu racoleur (surtout lorsqu’enrobé des violonnades de l’orchestre du CNA), pas de la musique expérimentale. N’empêche. Souverain à la trompette, le blondinet a dominé la soirée avec son jeu tantôt musclé et bluesy, tantôt attendri et introspectif. Chapeau aussi aux deux Billy du band, le pianiste Billy Childs, comme toujours merveilleux d’élégance et le batteur Billy Kilson, une véritable dynamo rythmique. Et même si le guitariste Mark Whitfield et le contrebassiste Bob Hurst m’ont semblé cette fois sous utilisés, même si la chanteuse invitée (la nièce de Nancy Wilson, aux dires de Botti) m’a semblé moins bonne que Sy Smith qu’elle remplaçait, même si le trompettiste s’est par moments laissé allé à ce sirop pseudo-classico-jazzy qui le place parfois davantage dans la lignée d’un Harry James que dans celle de Miles, je suis ressorti de la salle plutôt satisfait. Et, surtout, prêt à faire la fête avec les copains outaouais!

April 12th, 2008
Catégorie: Auditions, Commentaires, Réflexions Catégorie: Aucune

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