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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Colère et choléra

Mon coeur saigne pour mon pays natal, frappé par une nouvelle déveine qu’on aurait pourtant pu éviter, avec un chouia de rigueur. Comment faire pour ne pas céder au cynisme, quand les forces présentes au pays pour supposément aider ses filles et ses fils contribuent à son malheur?

Je n’ai jamais souscrit à la théorie du complot, mais comment expliquer qu’aucun soldat du contingent de casques bleus en provenance du Népal, arrivé à Port-au-Prince au début du mois peu après la récente éclosion du choléra dans leur patrie et peu avant l’épidémie en terre dévastée d’Haïti, n’ait subi de test de dépistage? Comment expliquer que les médias aient au contraire affirmé que tous ces soldats avaient été testés, ce qui s’est révélé un mensonge éhonté? Comment expliquer encore qu’on ne l’ait pas fait, alors qu’il est de notoriété publique que 75% des personnes infectées ne présentent pas de symptômes mais peuvent répandre l’infection dans l’environnement et contaminer d’autres personnes pendant deux semaines.

Je suppose que Pat Robertson et les autres détracteurs du peuple haïtien y verront une autre corroboration de châtiment divin infligé aux adorateurs du Malin qui habitent la tragique moitié d’île. Personnellement, j’en conclus surtout qu’aux yeux de trop de décideurs de la communauté internationale, la vie des Haïtiennes et des Haïtiens n’a que peu de valeur…

October 31st, 2010
Catégorie: Commentaires, Réflexions Catégorie: Aucune

14 commentaires à propos de “Colère et choléra”

  1. Patrick de Friberg a écrit:

    De passage en Afrique, j’ai discuté (longuement, goulûment pour un futur coup de gueule d’un futur roman) avec un directeur de mission d’ONG hilare (et bourré, en business class) qui me disait qu’il avait bien profité des dons “des gogos” pour Haïti. Les hublots étaient trop étroits pour le jeter, bien trop pour la connerie des profiteurs, mais j’aimerai bien qu’un jour on foute en l’air toutes ses ONG dont les patrons roulent en 4X4 luxueux et ont des sièges sociaux à faire pâlir une multinationale. Qu’ont ils fait de notre fric, que diable, et surtout que je n’entende plus le “les haïtiens sont corrompus” pour excuser l’inefficacité de l’action.

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  2. Stanley Péan a écrit:

    Je connais ce type de spécimens, Patrick, pour en avoir croisés moi aussi, trop souvent. Des cyniques qui se remémorent encore aujourd’hui avec un brin de nostalgie le champagne et les petits fours qu’on leur servait au Palais national sous Jean-Claude Duvalier, manifestement indifférents à la tragédie collective qui se jouait dans les bidonvilles et les quartiers populaires, et qui tient encore l’affiche quarante ans plus tard.

  3. Marie-Christine Bernard a écrit:

    Très juste, Stanley, et ta colère et ton propos.

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  4. François Gorille a écrit:

    Je dois avouer que je trouve très triste que le peuple Haïtien ait à traverser cette autre épreuve… Je ne peux m’empêcher de me dire, qu’en tant que descendant de Français , je suis indirectement responsable de plusieurs crises qui ont frappé ce pays…

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  5. Patrick de Friberg a écrit:

    tiens, celle-là aussi le “en tant que descendant de francais” je l’abomine aussi… une telle méconnaissance entretient ces ONG. Je suis fils de créole, arrivé en 1644 en Guadeloupe. J’ai dans mon sang celui qui a signé l’abolition de l’esclavage… Quelle tristesse qu’on nous serine éternellement ces pitoyables raccourcis d’histoire…

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  6. Anne Genest a écrit:

    Le mouvement de sympathie pour Haïti s’essouffle alors que la catastrophe ne s’est toujours pas encore endormie. Haïti me chagrine aussi. Et je m’offusque d’être là, à siroter un café amer, sans pouvoir offrir autre chose que ma triste empathie.

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  7. Jacques Audet a écrit:

    À mon avis, il n’y a que de l’histoire, il n’y a pas de bons et de mauvais ancêtres, et de toute façon on en arrive toujours à choisir uniquement ceux qui conviennent à ce qu’on veut dire. Il faut assumer toute l’histoire, dont l’esclavage, les conditions d’indépendance très injustes faites par la France à Haïti, et aussi l’abolition de l’esclavage.

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  8. Chantal Jolis a écrit:

    Notre sentiment en est un d’impuissance et de rage de ne pouvoir rien faire, sinon d’essayer d’envoyer des vagues d’amour et de compasssion.

    Mais ce n’est pas suffisant.

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  9. Stéphanie Lalanne a écrit:

    Oui, c’est révoltant et infiniment triste. “Amour et compassion” comme le dit notre chère Chantal.

    Avec le sentiment partagé que c’est quand même c’est trop peu.

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  10. Nadia Ghalem a écrit:

    Dans un monde désespérant, je m’entête à espérer: tant d’Haïtiens ont fait la preuve de qualités humaines exceptionnelles et de résilience. Il faut à tout prix essayer de faire quelque chose.

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  11. Rebecca Jean-Gilles a écrit:

    On se demande quand ça va s’arrêter…

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  12. Nadine Bouchard a écrit:

    Comment ne pas céder au cynisme?

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  13. Johane a écrit:

    Le monde est à pleurer. Ça me tue d’apprendre ces détails sur la propagation du choléra en Haïti. Ça me fend le cœur de constater que chaque jour il y a de plus en plus d’oubliés. Qu’on se les approprie pour se donner bonne conscience. Haïti a soulevé la culpabilité du deux tiers qui ont un toit sur leur tête; les riches, les pseudo riches et les moins riches. Ce cataclysme qui se répète trop souvent un peu partout sur la planète sert à ouvrir quelques porte-feuilles, mais comme d’habitude ces gestes spontanés de bonté demeurent éphémères. Bref, j’aurais tant à dire sur ces injustices sociales et ces préjugés du genre, on a ce qu’on mérite. Je ne connais pas comme vous en profondeur le peuple Haïtien, mais je sais qu’il a beaucoup à nous dire. Merci de nous tenir au courant.

  14. Nadia Ghalem a écrit:

    On s’efforce juste d’espérer que ça va finir très vite. Ça doit être tellement fatiguant de vivre tout çà, et comment aider ? Leur faire savoir au moins qu’on pense à eux, qu’on aimerait faire quelque chose…

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