stanleypean.com


Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Souffrir en mesure

Quel beau dimanche pour la saison! comme chantait l’un des personnages benêts que Brel excellait à camper. Les enfants dorment encore. Debout depuis l’aube, j’ai profité de la quiétude dominicale pour terminer la nouvelle mouture de ce qui sera, je crois, le premier chapitre de mon recueil d’essais dont j’ai repris la rédaction il y a quelques jours. L’ouvrage aura pour titre Jazz, etc. et porte sur le jazz et les autres formes d’arts qui me fascinent (littérature, cinéma, peinture); dans ce chapitre intitulé “Souffrir en mesure”, j’approfondis les réflexions amorcées dans la préface à ma compilation sur CD Quand le jazz est là, sortie en magasin mardi dernier, sur La Nausée de Jean-Paul Sartre et ce standard de jazz qui y joue un rôle prépondérant, “Some of These Days”, dont le romancier attribuait la paternité à un Juif new-yorkais alors que la chanson a été écrite en 1910 par Shelton Brooks, un auteur-compositeur noir et ontarien. Je suis assez satisfait pour le moment de cette nouvelle version de mon texte, mais je manque sans doute de recul.

Qui plus est, Sartre et son double romanesque Antoine Roquentin imaginaient que l’interprétation la plus célèbre de ce morceau était l’oeuvre d’une négresse alors que, vraisembablement, le disque évoqué dans le bouquin était celui gravé en 1926 par Sophie Tucker, une comédienne et chanteuse juive d’origine russe, qui fut une figure incontournable du vaudeville américain dans la première moitié du XXe siècle.

Avec le recul, je n’ai pu m’empêcher de souligner avec ironie que Sartre se soit figurés, à l’audition de la chanson, un auteur-compositeur juif et une interprète noire – soit, l’inverse de la réalité de Shelton Brooks et Sophie Tucker.

June 1st, 2014
Catégorie: Commentaires, Lectures, Réflexions Catégorie: Aucune

≡ Soumettez votre commentaire