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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Procès de l’Histoire… ou paradoxe temporel?

Dans l’édition d’hier du Journal de Montréal et du Journal de Québec, l’ineffable Richard Martineau y allait avec quelques unes de ses typiques élucubrations sur les événements de Mai 68 et leurs répercussions («Le procès de l’Histoire»). Pas de quoi écrire à sa mère, j’en conviens: la bouillie habituelle, mitonnée avec des parts égales de considérations générales, de lieux communs et de déclarations à l’emporte-pièce, et livrée dans le style bâclé que l’on sait.

J’ai toutefois sourcillé à la lecture de l’avant-dernier paragraphe de la chronique:

«L’onde de choc de Mai 68 s’est fait ressentir partout. Au Québec, il a donné naissance à la Révolution tranquille, au mouvement souverainiste et aux cégeps.»

Wow! Par quel paradoxe temporel digne des romans de Philip K. Dick cet épisode de notre histoire nationale, dont les historiens et sociologues ont depuis toujours fait coïncider les débuts avec la défaite de l’Union nationale et l’arrivée au pouvoir des Libéraux de Jean Lesage en 1960, serait-elle une séquelle des événements de Mai 68 à Paris? Par quelle étrange distorsion chronotopique cette «récréation de bébés gâtés qui ont élevé l’irresponsabilité en dogme» (sic) a-t-elle inspiré à rebrousse-temps les idées maîtresses de l’équipe du tonnerre (la nationalisation de l’électricité, le rapport Parent de 1963-1964 et la subséquente réforme de l’éducation, les premiers pas vers la laïcisation de la vie publique, etc.) qui ont permis au Québec d’entrer dans la modernité?

Il arrive que le mélange de mauvaise foi, d’arrogante inculture et de flamboyante paresse intellectuelle du type me sidère encore. Quoique, je dois l’avouer, c’est de plus en plus rare… On s’habitue à tout à la longue, disait le héros de L’Étranger, roman qui comme tout le monde le sait a été inspiré à Camus par les conclusions de la Commission Bouchard-Taylor.

January 19th, 2008
Catégorie: Commentaires, Lectures, Réflexions Catégorie: Aucune

6 commentaires à propos de “Procès de l’Histoire… ou paradoxe temporel?”

  1. Catherine a écrit:

    Oulàlà, il y a des gens qui ont le sens de l’histoire élastique. C’est n’importe quoi!
    (Mais j’adore votre conclusion! ;o) )

  2. Nadia a écrit:

    De fait, on mentionne aussi Refus Global parût en 1948, comme l’amorce d’un éveil au Québec. Et, les premiers cégeps ont vu le jour en 1967, à la suite du rapport Parent. Mai 68 n’est pas l’épicentre du remous, le mouvement contestaire était partout aux États-Unis dans les années soixante. Mais Richard est un intuitif, il aborde l’histoire avec ses trippes, pas avec des affaires straights et cartésiennes comme des chronologies parallèles…

  3. Denis LeBrun a écrit:

    Non, Stan! Il ne faut surtout pas s’y habituer, sinon on sera vite submergés par des clones de Jeff Fillion du type Martineau qui sont déjà rois et maitres dans la “culture” Quebecor!
    Sinon, tu as manqué un party de Noel mémorable Pantoute/Libraire qui a fini aux petites heures ce matin. On a souligné les 20 ans de librairie de Marco et il était très content du iPOD touch qu’on lui a remis. Il n’y manquait que ta présence et ta trompette pour un hommage parfait! Et puis, j’ai abordé les 35 ans de Pantoute et la suite… J’ai créé mon petit effet!

  4. Renart L'éveillé a écrit:

    Ce coup de poing est jouissif!

    Ce château de carte de l’approximation vibre de plus en plus! Soufflons!

    Ma modeste contribution est ici, je la partage bien humblement, faut bien que ça serve de se claquer les doigts et le cerveau sur un clavier…

  5. Stanley Péan a écrit:

    M. L’éveillé,

    J’ai lu et bien apprécié votre contribution à la salutaire entreprise de démystification du fumiste!

  6. Renart L'éveillé a écrit:

    Merci beaucoup du compliment!

    Et à une prochaine fois!

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