stanleypean.com


Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Péan au Népal, Jour 0 — Rêve prémonitoire et faux départ

Renaissance Hotel

Renaissance lobby     Renaissance 1     Renaissance 2

Londres n’était pas au programme et c’est pourtant en banlieue de la capitale britannique que j’écris ce premier volet de mes aventures népalaises. Where do we start? comme dit la chanson…

Dans le bus qui me ramenait à Montréal dimanche soir au terme de mon week-end avec les kids, j’ai reçu un coup de fil de ma sœur Mie-Jo, qui voulait me raconter un rêve étrange qu’elle avait fait à mon sujet. Une histoire vaguement inquiétante impliquant un taxi blanc immatriculé 70. Ma frangine fait parfois des rêves insolites, qu’elle qualifie souvent de prémonitoires. Quant à moi, je n’ai jamais été superstitieux pour la simple raison qu’il paraît que ça porte malheur… 😉

Du coup, je n’ai pas porté attention à la couleur du véhicule à bord duquel mon compagnon de voyage le photographe Benoît Aquin est passé me cueillir chez moi aux heures indigo de la nuit de dimanche à lundi : la voiture était blanche, comme de raison, ainsi que me le fera plus tard remarquer Benoît, je n’ai pas noté son matricule.

Passé les douanes américaines, j’ai cependant noté que pour la deuxième, puis la troisième fois depuis la veille, une transaction sur ma carte VISA Desjardins m’avait été inexplicablement refusée. Assis avec Benoît au Houston Bar & Grill directement en face du quai d’embarquement pour le vol American Airlines à destination de Philadelphie, la première escale prévue dans cette expédition vers l’Extrême-Orient, j’ai tenté en vain de comprendre le problème en visitant le site de ma caisse, en vain. Tant pis. J’estimais pouvoir en avoir le cœur net en appelant mon institution bancaire depuis durant l’escale à Philly.

Mais voilà, bientôt rejoints par notre amie France-Isabelle Langlois du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) qui nous avait recrutés, son adjointe Laurine Klein, puis une jeune coopérante dénommée Nadia Roy, nous avons eu le déplaisir d’apprendre que notre vol serait d’abord retardé (ce qui compromettait la possibilité d’arriver à temps pour notre correspondance vers Doha au Qatar) puis carrément annulé, en raison d’un bris technique qui restera inexpliqué. L’un d’entre nous n’avait-il évoqué la funeste Loi de Murphy? (Ouais, sans doute moi, si ça se trouve…)

Au terme de longues tractations menées de main de maître par France-Isabelle, nous apprenons qu’American Airlines nous propose un nouveau parcours vers le Népal, parcours passant plutôt par Londres sur les ailes d’Air Canada et nous faisant arriver à Katmandou mercredi après-midi plutôt que mardi comme prévu. J’ai une dent contre American Airlines depuis mon voyage en Haïti de l’été dernier, alors que ma valise était resté à Miami et m’avait été livrée le lendemain de mon retour au Québec, avec deux de mes bouteilles de Barbancourt Réserve du Domaine fracassées qu’on avait refusé de me rembourser… Dans mon livre à moi (comme disent les commentateurs sportifs), le dossier de cette ligne aérienne ne s’améliore pas…

Contre mauvaise fortune, bon cœur : telle est ma devise pour ce périple, ainsi que je ne cesse de le répéter à mes compagnes et compagnon de voyage. Le nouveau Stanley Péan, celui s’envole vers la mystérieuse vallée aux pieds de l’Himalaya est un être plus zen que jamais, qui ne se laissera plus dominer par ses émotions, qui saura museler colère et frustration pour opposer à l’adversité un sourire magnanime. D’ailleurs, avec l’agente de Desjardins qui prend mon appel, je fais montre d’un flegme infini malgré l’absurdité des motifs qu’elle invoque pour la désactivation de ma carte de crédit.

– Oui, nous savons que vous partez au Népal, c’est inscrit au dossier. Mais le système a enregistré deux transactions suspectes, possiblement frauduleuses avec Amazon.com.

– Vous voulez dire: les deux guides du Népal téléchargés dans ma liseuse depuis la boutique Kindle, peut-être?

Pas de colère, oh non! Juste un léger agacement, que je réussis à diluer dans l’ironie. Rester zen en toute circonstance.

Seize heures à Dorval, c’est long. Et peut-être aurais-je pu rentrer à Montréal d’ici le décollage vers Londres, comme Nadia Roy repartie passer la journée avec sa famille qu’elle ne reverra qu’au terme de son séjour de douze moi comme coopérante au Népal… Au moins, mes compagnes et compagnon d’infortune trouvons matière à sourire et rigoler au cours de cette journée digne d’un film; notamment, mon échange avec le sympathique agent d’Air Canada qui nous enregistre sur le vol en soirée.

– Vous êtes LE Stanley Péan? Ma femme et moi adorons le jazz. Nous écoutons régulièrement votre émission, même s’il arrive que certaines sélections musicales plus exigeantes nous incitent à changer de poste.

– Vous en avez de la chance, votre femme et vous; moi, même en cas de sélections musicales plus exigeantes, je dois rester à ICI Musique.

Je cabotine, ne fais plus que cabotiner depuis le lever du jour, tellement grande est ma fatigue. Peut-être parce que j’ai évoqué ce souvenir récemment, je pense à ma p’tite sœur Hélène Monette à Limoges, il y a vingt ans, cherchant le bouton pour « m’éteindre » comme on le ferait d’une radio portative.

Après un cinq-à-sept joliment arrosé au bar à vins Vino Volo de l’aéroport, nous montons enfin à bord de l’appareil où nous a retrouvés Nadia, qui le hasard aura placée dans le fauteuil à ma gauche. Au-dessus de l’Atlantique, en ce qui me concerne, cinq heures et demie de vol sans histoire; j’ai vite sombré dans un sommeil profond et sans rêve. Sans ronflement non plus, à ce que me confirmera ma voisine dans l’avion au matin.

Pour se faire pardonner le contretemps, l’agente d’American Airlines qui s’occupait de nous à Dorval avait gracieusement offert à chacun et chacune de nous une chambre dans un hôtel adjacent à l’hideux aéroport Hearthrow, où se reposer en attendant la correspondance vers le Qatar. Malgré la lenteur des formalités pour obtenir au comptoir londonien d’AA les bons pour l’hébergement et la nourriture, passer les douanes britanniques et s’enregistrer au chic Renaissance, il nous faut bien admettre que nous avons été bien traités.

Dans quelques heures, nous reprendrons la route du Népal, avec l’espoir que cette fois sera la bonne.

En attendant, je reste zen.

Et tant pis pour les voitures de taxi blanches immatriculées 70!

February 23rd, 2016
Catégorie: Commentaires, Lectures, Nouvelles Catégorie: Aucune

≡ Soumettez votre commentaire