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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

L’héritage de Lapointe et de Miron

C’est en songeant à construire un verger de frères
que pour pleurer  je descends mon bras
que  je mets ma vie dans mes larmes

Paul-Marie Lapointe, «Je suis une main»

Hier après-midi, je suis allé au Complexe funéraire du Mont-Royal, pour les obsèques de Paul-Marie Lapointe, une cérémonie sobre à laquelle assistaient de nombreux écrivains venus rendre un dernier hommage à celui qui demeurera l’un de nos plus grands poètes.

Il ne faut pas oublier
qu’on oublie de partir quand on est parti
il ne faut pas pleurer sans pleurer
d’avoir omis de partir
un  jour qu’un grand navire
nous disait à l’oreille
c’est maintenant l’heure de partir

Paul-Marie-Lapointe, «j’ai déjà connu tes rages…»

Dans la petite chapelle du complexe, Pierre Nepveu a prononcé un éloge vibrant, pétri d’émotion et d’admiration pour l’auteur du Vierge incendié, un texte qu’on espère sincèrement voir publié en revue d’ici peu.

Il est toujours vivifiant d’entendre un poète de valeur saluer un aîné vénérable, disparu ou non.

Ça nous change de l’amateurisme et de la superficialité de certains commentateurs…

* * *

Oui, je sais, je sais: Didier Fessou n’est pas un critique littéraire. C’est lui-même qui l’a reconnu dans les pages «Livres» du Soleil, où il sévit toutefois depuis une bonne dizaine d’années et je cite: «Je ne suis pas critique littéraire. Je n’ai pas cette compétence. Je me contente d’être ce que je suis, c’est-à-dire un tâcheron du journalisme affecté à l’actualité du livre.» («Le courrier des lecteurs», Le Soleil, 8 mars 2009) On remarquera que bien avant de me reprocher le printemps dernier l’emploi inadéquat (selon lui) de l’appellation «tâcheron» pour le décrire, il la revendiquait lui-même, convaincu que le terme ne comporte aucune connotation péjorative. À chacun ses chimères.

Dans Le Soleil de ce matin, ce valeureux ouvrier syndiqué de la plume et de la culture nous a donné une nouvelle démonstration de son savoir-faire journalistique dans cette entrevue avec Nepveu à propos de sa biographie de Gaston MironMiron à la rencontre de Mallarmé»). Quoi qu’on se réjouisse de ses bons mots sur ce monumental ouvrage, assurément l’une des valeurs sûres de l’imminente rentrée littéraire, les bras nous tombent à la lecture des questions insignifiantes dont il a bombardé l’érudit biographe lors de leur entretien qu’il a retranscrit dans une forme question-réponse des plus scolaires qui témoigne davantage de la paresse que de la proverbiale assiduité à la tache. Lisez, vous allez voir, c’est presque rigolo et surtout pathétique: plus proche du Lundi que du Magazine littéraire, si vous me permettez la comparaison. Certes, il va sans dire, Miron (tout comme Nepveu, d’ailleurs) aurait mérité mieux. M’enfin, qui suis-je pour juger du professionnalisme de cet honnête travailleur qui s’enorgueillit d’une carrière de plus de quarante ans…?

Je m’en voudrais néanmoins de ne pas signaler à cet amoureux du travail bien fait qu’il aurait tout de même dû prendre le temps de vérifier dans ce Petit Larousse ou ce Petit Robert récemment reçu en service de presse comment écrire le nom du compositeur hongrois qu’affectionnait Gaston Miron: c’est Béla Bartók et non pas Bella Bartok.

Ce n’est pas que je sois excessivement pointilleux, mais j’aime moi aussi le travail bien fait.

August 28th, 2011
Catégorie: Commentaires, Lectures, Réflexions Catégorie: Aucune

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