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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Le charme discret des aurores dominicales

«On se rejoint à la messe de sept heures?» me demandait tout à l’heure via clavardage mon jumeau identique Michboul, aussi matinal que moi apparemment. Il lui a fallu m’expliquer cette allusion à sa grand-mère qui le réveillait à l’aube, chaque dimanche, pour l’emmener à la première messe. Je lui ai répondu que Mèt Mo, sans doute aussi pieux que sa grand-maman, avait dans mon enfance pris l’habitude de nous emmener plutôt, mon cadet Reynald et moi, à la messe du samedi à seize heures. Cette habitude avait-elle pour objectif de parer à une rebellion anti-religieuse précoce? Il faudrait pour le confirmer pouvoir poser la question à mon défunt père, ce qui n’est guère imaginable même pour un auteur de fantastique tel que moi qui se targue par surcroît d’être un mécréant athée depuis l’adolescence.

Dehors, des oiseaux gazouillent dans leur langue inaccessible depuis quelques heures et qui sait si ce n’est pas justement leur chant qui attisent les premières lueurs du jour et permettent au soleil d’émerger? En bas, Patsy, Laura et Philippe dorment paisiblement dans leur chambre respective. J’aime l’aurore, presque autant que le crépuscule. J’aime la tranquilité de ce moment de la journée, plus propice à la lecture, à l’écriture et à la réflexion que n’importe quel autre.

C’est dimanche, c’est congé (ou presque) mais pour me considérer véritablement en vacances (ce qui ne m’est à vrai dire quasiment jamais arrivé) je dois encore terminer de peaufiner mon éditorial pour le prochain numéro du Libraire, qui portera sur «l’affaire Umberto Eco». Je relis les réactions diverses à l’annonce par l’éminent professore et romancier de la publication prochaine d’une version light, latin and philosophy-free de son Nom de la rose qu’il estime inaccessible à la nouvelle génération de lecteurs dans son état actuel. Que de procès d’intention, que de hauts cris provoqués par ce projet taxé de cynique, condescendant, voire de blasphématoire!

Diantre, même l’ineffable Richard Martineau (qui pourtant pratique couramment et sans vergogne les raccourcis de la pensée, le mépris de son lectorat et les simplifications démagogiques) a trouvé là matière à s’indigner: c’est tout vous dire…

July 31st, 2011
Catégorie: Commentaires, Lectures, Réflexions Catégorie: Aucune

Un commentaire à propos de “Le charme discret des aurores dominicales”

  1. andré marois a écrit:

    Umberto Ecco a bien le droit de faire ce qu’il veut avec son œuvre. En 2006, tout le monde s’était de même offusqué lorsque Alessandro Baricco avait publié une version allégée de l’Iliade d’Homère. Un très bon livre, selon moi. La musique, le théâtre et le cinéma ne cessent de reprendre les mêmes oeuvres pour les remonter, les réinterpréter, les réinventer. La littérature devrait en prendre de la graine. Une version remix des meilleurs romans n’enlèverait rien aux originaux. Au contraire.

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