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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

La résurgence des blessures de l’Histoire

J’aime beaucoup le titre du nouveau roman de Louis-Philippe Dalembert, Noires Blessures (Mercure de France), dont je dois rendre compte à l’émission Vous m’en lirez tant (diffusée ce dimanche 6 mars à l’antenne de la Première Chaîne de Radio-Canada). Plus encore que le titre, j’aime le propos dur et sans compromis sur les relations raciales et le poids de l’Histoire.

Situé quelque part dans un pays africain jamais nommé, Noires Blessures s’ouvre sur une scène d’une violence inouie: en proie à une rage indicible, Laurent Kala, coopérant d’une ONG, torture son boy Mamad White, ligoté à une chaise, en l’abreuvant d’insultes. Divisé en deux parties, ponctuées de quelques intermèdes, le roman raconte d’abord la vie de Mamad, l’Africain, qui n’a pas vraiment connu son père décédé alors qu’il était un nourrisson, qui a grandi dans une famille nombreuse et très modeste, et qui rêve de décrocher un emploi lui permettant de mettre la famille à l’abri du besoin. Dans la deuxième partie, nous suivons le parcours de Laurent, qui nous apparaît dans les intermèdes comme un homme assoiffé de violence. Sa vie n’est pas des plus gaies, on s’en doute: né dans le XIVe arrondissement de Paris, il a ui aussi a perdu son père, tabassé à mort par un CRS antillais lors d’une manifestation de protestation contre l’assassinat de Martin Luther King alors que Laurent n’avait que dix ans et c’est, comprendra-t-on, ce traumatisme jamais nommé qui le mènera à poser les gestes extrêmes auxquels on assiste dès le départ.

En préparant ma chronique, je suis tombé sur cette entrevue accordée en janvier dernier par Dalembert à Audrey Pulvar de France Inter, que j’ai pensé partager ici.

 
Louis-Philippe Dalembert
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Né à Port-au-Prince en quatre ans avant moi, ce bon vieux Louis-Philippe a publié des romans, des nouvelles, de la poésie et des essais; ancien pensionnaire de la villa Médicis (il faudra bien que je lui demande si c’est là qu’il a connu et s’est lié d’amitié avec notre regretté Paul Marchand…) et jusqu’à tout récemment en résidence d’écriture à Berlin, cet éternel globe-trotter de Dalembert est notamment l’auteur de L’autre face de la mer (prix RFO), de Rue du Faubourg-Saint-Denis et de Les dieux voyagent la nuit (prix Casa de las Americas).

March 3rd, 2011
Catégorie: Commentaires, Lectures, Nouvelles Catégorie: Aucune

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