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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Jour 11: Au sommet du monde

«For the world is hollow and I have touched the sky…»

On ne se refait pas, enfin certainement plus à mon âge – d’où cette allusion sybilline au titre d’un épisode de la série Star Trek originale. Je suis littéralement au sommet de ce qui semble être la plus haute montagne des environs de Bergen, l’Ulriken, où les invités de Jazz Norway in a Nutshell ont été conviés à un dîner en haute altitude. On accède à ce site, quinze personne à la fois, par un téléphérique balloté par le vent comme dans ces vieux James Bond des années 60. Fort heureusement, j’ai su maîtriser mon vertige à l’ascension. On verra comment ça se passera au retour. Rendus en haut, en attendant les autres convives, on joue tous et toutes aux touristes que nous sommes, après tout, photographiant à qui mieux mieux l’époustouflant panorama de montagnes, de vallées, de fjords et de bras de mer.

Ulriken - Vue sur Bergen     Ulriken à bord du téléphérique     Ulriken 2     Ulriken - Trio

En tapant ces notes, j’écoute la trame sonore de Paolo Fresu pour le film Sette Ottavi qui raconte le sort réservé au jazz et ses artisans dans l’Italie de Mussolini, film que j’évoquait en prenant un café avec Bernd et Karsten avant de quitter l’hôtel. Ces messieurs m’ont appris, à ma grande surprise, que même si le parti nazi considérait le jazz comme une musique de dégénérés, ses dirigeants vait néanmoins formé dans les années 30 un big band qui participaient activement à l’effort de guerre allemand en diffusant sa propagande haineuse par le biais de chansons swing.

Évidemment, après la chute de Berlin et le suicide du Fürher, tous les jazzmen de l’orchestre ont nié d’y avoir jamais appartenu.

C’est le moment des discours officiels, alors j’arrête ma musique. Lars nous présente brièvement un représentant de la Mairie. «I wish you peace in your mind and happiness in your soul,» nous souhaitera le notable, en référence à l’hymne municipal de Bergen qui parle d’un chanteur assis au sommet de l’Ulriken qui contemple la ville loin, en-bas, et se laisse imprégner par la solennelle sérénité du lieu.

Et puis, après une courte prestation d’un trio violon-harmonium-batterie dont le jazz insolite flirte avec la musique contemporaine, nous passerons à table dans ce chalet aux cloisons vitrées, campé au sommet du monde.

May 27th, 2010
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