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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Haïti 2015 (bis) – Le Centre d’art tel un phénix

Après le déjeuner l’Olofsson, nous avons rendez-vous avec la plasticienne Pascale Monnin, artiste haïtienne d’origine suisse et qui œuvre notamment à la restauration du fameux Centre d’art, alma mater de plusieurs générations d’artistes du cru, fondée en 1944 par l’Américain Dewitt Clinton Peters. Venu en Haïti l’année d’avant pour enseigner l’anglais dans les lycées de la capitale, cet aquarelliste méconnu avait été frappé par le potentiel des artistes du pays et par l’absence d’une institution dont la mission serait de soutenir et de promouvoir leur production. C’est dans ce cadre que se développa le talent des premiers peintres autodidactes qui firent la réputation de l’art haïtien à travers le monde, nommément Hector Hyppolite, Wilson Bigaud, Castera Bazile, Philomé Obin et Rigaud Benoît.

Presque entièrement détruit par le séisme en 2010, le Centre d’art renaît graduellement de ses cendres, en offrant notamment depuis quelques mois des cours d’arts plastiques à une clientèle de tous les âges. Pascale s’y investit corps et âme, parallèlement à son propre travail d’artiste et à son engagement dans les affaires de la prestigieuse galerie familiale, fondée en 1956 par son grand-père Roger Monnin puis reprise par son père Michel à la fin des années 60. Toute jeune, Pascale a eu la chance d’y rencontrer quelques-uns de plus illustres artistes haïtiens de l’époque (Préfète Duffaut, André Pierre, Serge Moléon Blaise et ses frères St Louis, Fabolon et Ti-André, Manés Descollines, Saint-Louis Blaise, et j’en passe) qui ont allumé en elle la flamme de la création, et dont elle parle aujourd’hui avec passion en nous présentant la muraille dédiée à leur mémoire.

En avril 2011, quelques mois après le projet de sauvetage lancé l’automne précédent, cinq mille toiles et un millier de sculptures et d’œuvres sur papier de la collection du Centre d’art avaient été restaurées. Mais tout reste à refaire, nous laisse entendre Pascale, alors que nous marchons à sa suite dans l’enceinte où se dressait autrefois l’institution effondrée. Les projets ne manquent cependant pas et c’est tant mieux. D’ailleurs, ainsi qu’on pouvait le lire sur AlterPresse.org il y a quelque temps, les efforts déployés sur la rue Roy visent non seulement à reprendre les activités traditionnelles du Centre d’art mais aussi à y intégrer d’autres pratiques que peinture et sculpture, notamment photographie et vidéographie.

July 16th, 2015
Catégorie: Événements, Nouvelles, Réflexions Catégorie: Aucune

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