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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

« Fatigué, fatigué…, » chantait Renaud

Refrain archi-connu par Patsy et moi : « J’suis fatigué… »

Philou Premier a eu toute la misère du monde à s’extirper des draps. Je lui ai proposé un petit répit dans nos activités : petit déjeuner à la chambre, courses au supermarché et lunch également à la chambre, avant de repartir en ville pour y passer l’après-midi jusqu’à l’heure du film qu’il m’emmène voir. Finalement, après les emplettes, Phil opte de ressortir pour casser la croûte au Burger King près du supermarché plutôt que les tacos que nous mangerons le soir, mais il nous faut retourner à l’hôtel pour prendre sa casquette oubliée. Ça fait beaucoup d’allers-retours inutiles, qui n’arrangent en rien sa fatigue et le rendent un chouia maussade. Mini-moi est tiraillé entre son désir de repos et sa peur de rater ses vacances.

« On a déjà perdu la moitié de notre journée! » râle-t-il.

« On en perdra davantage si tu continues de te plaindre au lieu de te presser. »

Pour faire exprès, le 301 ne passe pas directement en face de notre hôtel à cette heure-ci; il faut marcher une dizaine de minutes vers l’arrêt d’autobus attenant à un terrain de stationnement réservé à ces banlieusards qui hésitent à prendre leur auto pour aller en ville. À en juger par la rareté des véhicules garés ici, ils ne sont guère nombreux. Je les comprends un peu, compte tenu de l’agaçante irrégularité des autobus qui desservent la banlieue de Chicago. Celui que nous devons prendre a d’ailleurs une bonne vingtaine de minutes de retard, mais Philou a heureusement retrouvé son énergie et sa bonne humeur.

À bord du bus, à notre surprise, nous entendons parler français avec l’accent du Québec : une famille de Gatineau, qui loge à Oakbrook, consacre comme nous une semaine de vacances à la découverte de Chicago et de ses principales attractions. Nous échangeons brièvement nos impressions sur la ville et ses environs, que le couple, leur fils, leur fille et le copain de celle-ci visitent pour la première fois. À Forest Park, nous montons dans le même wagon vers le centre-ville, mais eux dans leur bulle, Phil et moi dans la nôtre.

Nous descendons à Washington, sortons du côté de Daley Plaza, pour fouler le sol de la place où se déroulait une des scènes les plus délirantes de The Crazy Ones, la sitcom qui avait attisé l’intérêt de mon fils pour Chicago. Encouragée par son père et associé Simon Roberts (publicitaire de génie, incarné par feu Robin Williams), Sidney avait organisé pour la chaîne de cafés qui avait retenu ses services un événement spectaculaire qui tournait au désastre. La firme avait installé sur la Daley Plaza une gigantesque fontaine à café en forme de cafetière géante… mais les légendaires vents de la ville avaient vite fait d’éclabousser de café brûlant le public et les journalistes qui assistaient à la conférence de presse.

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Pas de cafetière géante sur Daley Plaza, mais je reconnais la sculpture aux airs de tête de mandrill (The Picasso) qui m’avait impressionné il y a trois ans. Phil et moi prenons quelques clichés, histoire d’immortaliser notre présence ici ensemble. Puis nous nous engageons sur en direction du Millenium Park. Le temps d’une limonade et d’un thé vert glacé au Pain quotidien, d’un p’tit tour près de la Cloud Gate et du Pavillion, puis nous traversons le pont Du Sable vers le cinéplex AMC que nous devrions trouver au 600 North Michigan Avenue. En chemin, petite escale au kiosque de Wendella Boats au pied de l’immeuble Wrigley, pour prendre le dépliant promotionnel sur la croisière d’interprétation architecturale dont j’ai tellement parlé à Phil.

Arrivés à l’adresse au coin d’Ohio Street et de North Michigan Avenue, pas de complexe de cinéma en vue. Pendant un instant, je me sens comme l’un de ces personnages de la série The Twilight Zone soudain incapable de repérer des endroits qu’ils ont pourtant fréquentés régulièrement. Di di di dou, di di di dou,  di di di dou… Heureusement, l’une des employées de la boutique de produits de beauté où j’entre quérir des informations me confirme que nous sommes bel et bien au bon endroit, que l’entrée vers les salles AMC se situe sur la facette arrière de l’immeuble.

« Je n’ai pas vu un de ces t-shirts depuis au moins huit semaines, » remarquer l’employé du cinéma qui nous sert le pop-corn, railleur, en pointant le chandail à l’effigie des Avengers de mon fils. « Il aurait fallu te mettre à jour avec le film présentement à l’affiche. »

Présenté en 3D, le film Ant-Man s’avère modérément divertissant, certes pas le meilleur de Marvel (Captain America : The Winter Soldier détient encore la palme, à mon humble avis), mais c’est quand même une belle occasion de partager une fin d’après-midi entre gars, mon fils et moi, dans une salle dotée de confortables fauteuils de cuir inclinables comme je n’en ai connu dans aucun cinéma auparavant! Pour une première sortie au cinoche aux États-Unis, c’en est toute une! Maintenant, si Phil peut arrêter d’annoncer les coups de théâtre du film deux minutes avant…

Le retour par le bus 65 puis la ligne bleue vers Forest Park s’effectue rondement, mais il nous faut attendre un temps fou l’un des deux autobus qui pourrait nous ramener à l’hôtel, le 301 ou le 310. Quel service médiocre! Il se fait tard, la nuit est tombée, irrévocable; mon fils et moi avons l’un et l’autre faim, nous manquons de patience. Malgré la lassitude, Philou n’est plus un bébé; il s’escrime à garder sang-froid et espoir, m’impressionnant pas mal. Et bientôt, nous rigolons même de ce retard en compagnie des membres de la famille québécoise croisée plus tôt.

« Fatigué, fatigué…, » chantait Renaud, votre Renaud.

August 6th, 2015
Catégorie: Événements, Nouvelles, Réflexions Catégorie: Aucune

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