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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

C’est la fêêêête, la fêêêête…!

Au risque d’agacer cette internaute qui me reprochait récemment de me complaire ici dans une sorte complaisance à l’égard du milieu et des gens que je fréquente, dans le name-dropping le plus abject et la superficialité suintante des mondains satisfaits d’eux-mêmes, je ne peux passer sous silence le surprise-party donné hier au Cabaret le Lion d’Or pour le quarantième anniversaire de mon vieux pote et prof de trompette Charles Imbeau (autrefois des Colocs et de Loco Locass, notamment). J’y ai traîné ma belle Laura, qui passe la semaine à Montréal avec moi en l’absence de Patsy: dire que le sieur Charles a été submergé par la surprise et l’émotion (lui qui croyait se rendre au cabaret pour une gig corporative) relève de l’euphémisme; ça ne l’a pas empêché de souffler comme un déchaîné dans son biniou et de chanter avec tout le coeur qu’il possède devant ses parents et amis, sur une scène où défilaient à ses côtés une pléiade de musiciens issus d’horizons fort divers, de Lilison Di Kinara à Jenifer Aubry en passant par l’amusant duo country Les talons dorés. À noter aussi, les performances des deux fils de Charles, Léo et Edgar, l’un pianotant deux brefs morceaux avec le support rythmique de Chafiik, l’autre reprenant à son compte «Le Téléfon» de Ferrer, accompagné par Eric Assouad à la guitare; sans oublier la toujours poignante interprétation des «Pauvres» de Plume par Charles à la trompette et au chant, accompagné par l’incontournable amiral Anthony Rozankovic.

Notre amitié à Charles et moi remonte à la belle époque du Café Sarajevo original, quand il venait jammer avec le band d’Anthony auquel il a bien fini par se joindre officiellement au bout d’un temps. C’était des années de vache maîgre pour Charlot, les années d’avant Les Colocs, et je l’accueillais à la maison à l’occasion, pour un souper bien arrosé invariablement suivi d’une soirée à écouter les Lee Morgan, Clifford Brown et autres Wallace Roney de ce monde. À ma demande express, Charles apportait toujours avec lui sa trompette et, pour mon plus grand plaisir, reproduisait à l’oreille certains licks et riffs qu’il entendait sur les disques de ma collection — et ni l’un ni l’autre ne savions à l’époque que ces soirées étaient en somme les liminaires aux cours informels de trompette qui suivraient des années plus tard, après que Anthony et les autres m’aient offert ma première trompette d’étudiant. (En souvenir de ce temps-là, j’ai offert à Charles hier un exemplaire de Mare Nostrum, un des plus récents albums du disciple italien de Miles, Paolo Fresu, en trio avec l’accordéoniste français Richard Galliano et le pianiste scandinave Jan Lundgren, un véritable bijou!)

De cette super soirée, organisée de main de maître par la conjointe de Charlot, Catherine, et ses copains, copines, je retiens aussi ce vers du petit poème écrit pour la circonstance par Louis Champagne (le comédien révélé par Minuit, le soir, par le tribun démagogue du Saguenay!); je cite de mémoire l’ex-condisciple de Charles à l’École nationale de théatre: «On est devenus des hommes, c’était le temps / On a suivi le vent.» Et comment! Bonne fête, mon Charles!

March 26th, 2008
Catégorie: Commentaires, Réflexions Catégorie: Aucune

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