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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Péan au Népal, Jour 5 — Un dimanche sous le soleil de Bhaktapur

Dimanche, c’est quartier libre. Ou presque. Nos hôtes du bureau népalais du CECI nous ont tout de même proposé de rendre visite en matinée deux autres partenaires de l’organisme dans les environs de Katmandou, notamment un atelier de couture employant une vingtaine de Népalaises qui fabriquent à l’ancienne du prêt-à-porter destiné à divers marchés internationaux et une boutique d’artisanat où l’on peut acheter la production d’artisans soutenus par le Free Trade Group, une association qui a fait du commerce équitable son cheval de bataille. On-ne-peut-plus diversifiée, l’offre va des bols tibétains aux saris splendides, en passant par les écharpes et autres atours traditionnels népalais.

Laurine est restée à l’hôtel, en proie à un malaise qui nous inquiète tout de même un peu. Mais Nadia Roy, notre compagne de voyage de lundi, mardi, mercredi derniers, nous a rejoints pour la journée et nous raconte son installation progressive à Katmandou. Pour l’instant logée dans la maison de transition mise à la disposition des coopérants récemment arrivés par le CECI Népal, Nadia emménagera sous peu dans son propre logis qu’elle aimerait volontiers décorer avec tous ces magnifiques artéfacts vendus à la boutique. En attendant d’entreprendre son travail sur le terrain, elle s’est vue offrir différents ateliers d’initiation à sa nouvelle vie, dont de très précieux cours de langue népalaise.

En après-midi, comme convenu, nous partons explorer la ville médiévale de Bhaktapur, destination touristique par excellence à une douzaine de kilomètres de Katmandou. En route, c’est au tour de Dilip de présenter d’étranges symptômes qui ressemblent à ceux d’un empoisonnement alimentaire; ça va aller, nous assure-t-il, convaincu de pouvoir se soigner en buvant bouteille de Sprite sur bouteille de Sprite. Il faut débourser 1500 roupies pour accéder à la vieille ville piétonnière, ce qui est très peu, mais nous mangerons avant d’en arpenter les rues. Sur la terrasse du Sunny Restaurant du Cosy Hotel, apparemment tenu par des amis du guide engagé par le CECI Népal, nous attendons beaucoup trop longtemps les plats commandés, qui n’impressionnent personne – et certes pas Benoît qui juge cette cuisine décidément trop fade pour son palais aguerri, voire insipide. Malgré un agacement assez général devant le service qui laisse à désirer, tout le monde fait l’effort de rester le plus zen possible, y compris Dilip qui n’a cependant pas la grande forme.

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Nous passons le reste de l’après-midi à déambuler dans la « Cité des Dévots », dont certaines rues me rappellent la rue du Trésor à Québec, avec ces peintures expressément destinées au touriste en quête de souvenirs de voyage pseudo-exotiques. Cette longue marche sous le soleil est parfaite pour digérer nos momos, à seiner dans les ateliers de peinture ou de poterie, s’extasier devant l’architecture somptueuse de palais et temples plusieurs fois centenaires, la magnificence des monuments: le Palais royal au 55 fenêtres et au portail d’or (Sun Dhoka), les temples Nyatapola et Bhairavnath. Les bas-reliefs inspirés du Kamasoutra qui ornent ce palais de Durbar Square nous inspirent évidemment quelques sourires et quelques plaisanteries. Aucune honte à s’assumer comme Occidentaux, après tout. Cela dit, notre guide nous informe que cette apparente impudeur n’est rien qu’une sorte de paravent destiné à masquer l’extrême pudibonderie de la société népalaise traditionnelle, où l’on ne discute pas si ouvertement de l’œuvre de chair.

Dans un tout autre ordre d’idée, cette promenade a aussi pour objectif de trouver un guichet automatique fonctionnel où je pourrais tirer quelques liquidités. La rareté des ATM compatibles avec les banques internationales et de commerce qui acceptent VISA ou Mastercard a tout de même de quoi surprendre, surtout dans un pareil lieu de convergence pour les touristes. Ma patience et ma zénitude portent fruit, je trouve enfin. Sitôt que je ressors du guichet par ailleurs, un jeune musicien de la rue, selon moi tout juste âgé d’une douzaine d’années, accoste notre groupe pour nous chanter un air traditionnel en s’accompagnant avec une sorte de violon artisanal.

La journée tire bientôt à sa fin et, puisqu’il faut déposer Nadia chez elle, puis Dilip et France-Isabelle à l’hôpital, l’un pour consulter un médecin et l’autre pour prendre des nouvelles de Laurine, nous remontons à bord de notre minibus nolisé par le CECI Népal. La soirée sera tranquille, encore une fois, au resto du Shangri-La.

February 29th, 2016
Catégorie: Commentaires, Événements, Nouvelles, Réflexions Catégorie: Aucune

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