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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

L’origine du malaise

Au lendemain d’une de ces petites soirées tranquilles entre gars qui cimentent l’amitié (au sortir du studio, j’ai grillé des steaks pour l’amiral Rozankovic et le conteur André Lemelin qui nous a étourdis avec les exploits de son nouvel aspirateur-robot, on a mangé et bu puis on a regardé le DVD d’Inside Man de Spike Lee qu’aucun de nous n’avait encore vu), je suis tôt levé, quoique pas tout à fait frais et dispos. Et avant de reprendre l’écriture de mon roman, je me suis plongé dans la lecture de Dans la forêt des paradoxes, le discours de J.M.G. Le Clézio devant l’Académie Nobel en octobre dernier, prodigue en pertinentes réflexions sur ce drôle de métier — cette vocation, devrais-je écrire — que j’ai choisi:

Que la littérature soit le luxe d’une classe dominante, qu’elle se nourisse d’idées et d’images étrangères au plus grand nombre, cela est à l’origine du malaise que chacun de nous éprouve — je m’adresse à ceux qui lisent et écrivent. L’on pourrait être tenté de porter cette parole à ceux qui en sont exclus, les inviter généreusement au banquet de la culture. Pourquoi est-ce si difficile? Les peuples sans écriture, comme les anthropologues se sont plu à les nommer, sont parvenus à inventer une communication totale au moyen des chants et des mythes. Pourquoi est-ce devenu aujourd’hui impossible dans notre société industrialisée? Faut-il réinventer la culture? Faut-il revenir à une communication immédiate, directe? On serait tenté de croire que le cinéma joue ce rôle aujourd’hui, ou bien la chanson populaire rythmée, rimée, dansée. Le jazz peut-être, ou sous d’autres cieux, le calypso, le maloya, le sega.

December 23rd, 2008
Catégorie: Commentaires, Lectures, Réflexions Catégorie: Aucune

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