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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

L’examen de minuit

Au terme de cette journée de tempête passée à l’intérieur en compagnie de Patsy et des enfants — on a joué, regardé Smallville et l’indispensable (pour Philippe) Star Trek, mangé un gigot d’agneau cuisiné par moi, pris le bain, lu les contes d’avant-dodo –, je reprends mon souffle au son de Charles et Léo, le délectable nouveau disque de Jean-Louis Murat. Ce n’est sans doute pas un hasard si, en cette journée de réconciliation avec un vieil ami, j’écoute ce disque où Murat chante des inédits de Ferré d’après Baudelaire. Heure tardive oblige, un texte retient particulièrement mon attention (et suscite mon envie).

La pendule, sonnant minuit,
Ironiquement nous engage
À nous rappeler quel usage
Nous fîmes du jour qui s’enfuit :
— Aujourd’hui, date fatidique,
Vendredi, treize, nous avons,
Malgré tout ce que nous savons,
Mené le train d’un hérétique.

Je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux m’empêcher de rapprocher ces vers des paroles de Bernie Hanighen sur cette emblématique mélodie de Thelonious Monk, «Round Midnight»…

It begins to tell ’round midnight, ’round midnight.
I do pretty well, till after sundown,
Suppertime I’m feelin’ sad;
But it really gets bad
‘Round midnight.

Malgré toute mon appréciation pour le travail du regretté Claude Nougaro en général, je ne prise guère son adaptation française de «Round Midnight» («Autour de minuit»), à mes yeux un brin triviale et à mon goût trop éloignée de l’esprit de la chanson originale. Pour tout dire, je préfère infiniment la version en créole signée Lionel Benjamin (le père de Mika), que j’ai découverte en 1998 en Haïti sur l’album Move, vol. 1 du trompettiste Edy Brisseaux — version qu’il m’est moi-même arrivé de chanter en public à l’occasion, encouragé en cela par l’ami Rozankovic.

Se sèl lè m santi m byen
Vè minui, lèl minui
Lè solèy kouche, se sèl lè m chante
Men koulyè a m pa sou sa
M wè minui pral rive
E ou pa la

Ce premier couplet se traduirait en langue de Molière comme suit:

C’est la seule heure où je me sens bien
Vers minuit, autour de minuit
Dès le soleil couché, c’est mon heure pour chanter
Mais ce soir, je n’ai pas le coeur à ça
Je vois approcher minuit
Et tu n’es pas là.

Je m’amuse, bien entendu. Mais c’était tout de même un week-end très… «chanson», pour moi. Hier, mon pote Rozankovic et moi avons terminé à distance la dernière des trois chansons que nous voulions présenter à la deuxième manche du John Lennon Songwriting Contest 2007 («After Hours», énième extrait de mon Cycle impérial, interprété sur notre démo par Vincent «Brother Vince» Potel). Et dans la nuit d’hier à aujourd’hui, j’ai pondu une première mouture de la version anglaise d’«Ils s’aiment» de Daniel Lavoie que j’avais promise à Slim Williams, ce chanteur soul que j’ai découvert cet automne. Slim semble satisfait, ce qui augure bien pour nos éventuelles collaborations. J’ai cependant hâte de connaître le verdict de Lavoie qui, je ne l’ai appris que récemment, avait d’abord écrit cette chanson en anglais avant d’accoucher du texte français qui lui a valu un succès international.

December 16th, 2007
Catégorie: Commentaires, Lectures, Réflexions Catégorie: Aucune

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