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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Le temps n’arrange rien, mais l’écriture…?

L’été file comme un voleur, sans jamais avoir trop claironné sa présence en la demeure. Pourtant, il nous a gratifié d’un peu de soleil hier matin, pour faire changement. À Montréal, les Francofolies battent leur plein — c’est dans ce cadre que j’ai assisté lundi soir aux retrouvailles sur scène des membres survivants des Colocs et de leurs invités (retrouvailles dont on a mystérieusement et assez inélégamment exclus mon ami le trompettiste Charles Imbeau, chez qui Dédé avait pourtant passé la dernière semaine de sa vie).

J’ai repris l’écriture de mon roman, plus intensément, parallèlement à celle de mes projets scénaristiques et chansonniers. Stephen et moi avons encore bon espoir quant au sort d’After All the Battles, l’hommage au défunt Paul. Hier encore, une autre ex-petite amie du défunt a pris contact avec moi via Facebook, complètement dévastée: elle venait d’apprendre la nouvelle deux jours plus tôt et par le biais de l’Internet, par-dessus le marché. Nous avons clavardé pendant quelques minutes, elle et moi, et la tragédie s’est comme rejouée à nouveau dans le théâtre de mes pensées. Que tombe le rideau. Il faudra bien en sortir et l’exorciser une bonne fois pour toutes.

En attendant, rien n’est important, j’écris des chansons comme on purgerait des vipères (Murat). La plus récente, couchée sur rythme de bossa nova par l’Amiral Rozankovic celle-là, s’intitule Le temps n’arrange rien — un titre assez représentatif de mes ruminations des temps derniers. Dans sa mouture actuelle, ça va comme suit:

LE TEMPS N’ARRANGE RIEN
(Paroles: Stanley Péan / Musique: Anthony Rozankovic)

Le temps n’arrange rien
Les vagues n’effacent pas toujours
Les traces de pas dans le sable
Malgré les mois, malgré les jours
Malgré les heures insupportables

Le vent n’emporte rien
Ni les regrets tristes à mourir
Ni même l’écho de nos serments
Ni les jamais, ni les souvenirs
Non rien de rien, puisqu’on nous ment

Quand on nous jure qu’à l’usure
Les ans seront comme baume sur blessures
Je n’en suis vraiment plus certain
Le temps n’arrange rien
Le vent n’emporte rien

Le temps n’arrange rien
Et tous les crépuscules d’automne
Qui s’accumulent au fil des ans
N’apaisent pas ma mémoire d’homme
Je sais, je sais que l’on me ment

Quand on me jure qu’à l’usure
S’estompent les douleurs qui perdurent
Non, rien de rien n’est moins certain
Le temps n’arrange rien
Le vent n’emporte rien

August 5th, 2009
Catégorie: Réflexions Catégorie: Aucune

2 commentaires à propos de “Le temps n’arrange rien, mais l’écriture…?”

  1. sonia a écrit:

    Bonjour Stanley,

    Je lis que la perte de votre ami vous touche énormement et je le comprends fort bien. J’ai perdu il ya 17 ans maintenant celui qui était mon ami, le premier homme que j’ai respecté. Il était pour moi mon père créateur; celui qui m’a donné une deuxième vie, celle où l’on apprend à regarder un coucher de soleil, à vivre à 100 à l’heure et à découvrir l’Art. La création. Il était talentueux, tellement talentueux. 17 ans ont passé et pourtant en vous parlant de lui mes yeux se mouillent. Il m’a appris tellement… Je lui dois d’aimer vivre. Le soir de première d’une pièce de théatre dont il avait fait l’affiche le titre de la pièce était «La mort vous va si bien» (C’était un signe!), il n’était pas là. Beaucoup ont ri en mettant en avant son côté dandy mais lui, ce soir là, il est parti en oubliant de me dire au revoir…

    On est triste, on est en colère ; pendant longtemps je me suis sentie coupable de ne rien avoir vu venir. Je lui parle toujours… Vous avez certainement raison en écrivant que le temps n’arrange rien, c’est vrai, une absence reste une absence mais j’ai pris le parti de vivre pour deux et de continuer à machouiller nos souvenirs.

    Voila, je voulais partager cela avec vous pour que vous sachiez que je pese mes mots quand je dis que je comprends votre démarche. Il faut évacuer la tristesse et le choc de la perte. Force et courage avec un sourire et du soleil de Montpellier.

    Amicalement,

    Sonia

  2. Stanley Péan a écrit:

    Bonjour Sonia,

    Je comprends tout à fait ce que vous exprimez ici. Cela dit, si le décès de Paul m’a passablement ébranlé, je ne crois pas être devenu plus maussade que d’ordinaire — et ma plus récente chanson ne traite pas tant de Paul que de chagrins bien antérieurs à sa mort. Comme en témoignent mes écrits (fiction ou chansons), j’ai une nette prédisposition au spleen; c’est peut-être, en fin de compte, ce qui nous avait rapprochés, Paul et moi. Mais ne vous inquiétez pas, je ne me laisse pas abattre.

    Amitiés,

    Stanley

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