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Le pisse-vinaigre du Soleil frappe encore

Je suis arrivé dans la Capitale hier, pour prendre part en tant qu’animateur et écrivain au Salon international du livre de Québec — et en profiter pour passer un tout petit peu plus de temps que d’habitude auprès des kids. Pour ce premier après-midi au SILQ, je n’avais à mon agenda une seule causerie avec les romancières India Desjardins et Martine Latulippe, coqueluches de la littérature québécoise pour la jeunesse, et le romancier Jacques Côté, l’un des stars du roman noir d’ici. Les trois collègues bénéficient ces jours-ci d’un intérêt médiatique accru, la première à titre d’invitée d’honneur du SILQ, les deux autres comme lauréats des Prix littéraires de la ville de Québec.

Incidemment, ce braquage des projecteurs sur India Desjardins et sa populaire série «Aurélie Laflamme» a fourni une nouvelle occasion au sinistre Didier Fessou, pisse-vinaigre attitré du Soleil, d’étaler au grand jour sa fâcheuse propension à la mesquinerie qu’il semble prendre pour un signe de son intelligence. Dans le genre, le préambule de son entrevue avec la jeune romancière parue hier est assez symptomatique de la manière du triste sire, qui sévit dans les pages du quotidien québécois depuis belle lurette déjà. Les réactions ne se sont pas fait attendre, à commencer par celle du romancier à succès Stéphane Dompierre envoyée à Fessou (et publiée par ailleurs sur Facebook).

Monsieur Fessou, vous m’étonnez.

Moi qui ai toujours vanté votre aspect critique, rare au Québec, je vous ai vu sombrer dans le mépris pur et simple, en plus d’être foutrement mal informé. Si vous avez des commentaires éditoriaux à faire sur la jeune littérature du Québec, vous devriez en faire le sujet d’un article complet plutôt que de tenter de passer vos messages peu subtils dans le portrait d’une auteure en particulier, qui plus est lorsqu’elle est invitée d’honneur au Salon du livre. Vous conseillez à India Desjardins de lire les «grandes oeuvres» alors qu’elle vous cite Duras, Baudelaire et autres. Vous lui suggérez de suivre des cours de création littéraire alors qu’elle en a suivi et, qui plus est, elle est une des rares qui vit de sa plume au Québec. Je ne vous comprends plus, et j’espère que nous aurons l’occasion d’en discuter en personne au salon. Je suis déçu de vous, et j’espère que ce n’est qu’une fièvre passagère, une richarmartinite, dont le symptôme le plus flagrant est d’exagérer à outrance un phénomène pour mieux le condamner ensuite.

Si vous croyez que les jeunauteurs sont des incultes et des illettrés, affirmez-le haut et fort plutôt que de choisir des cibles au hasard. Alimentez le débat et vous entendrez parler de nous.

Stéphane Dompierre

J’aime bien l’esprit de Dompierre et ce savoureux néologisme qu’il emploie pour décrire la manifestation de malhonnêteté intellectuelle du chroniqueur (une «richarmartinite», avouez que c’est bien trouvé!). Cependant, je crois que l’auteur de Morlante se gourre complètement en parlant de «fièvre passagère», alors que cette démonstration de bassesse est tout à fait emblématique du style Fessou. Mais quel débat espère Dompierre, au juste? Fessou ne prête pas aisément au débat public; terré dans la salle de rédaction du Soleil, ce couard préfère lancer des énormités, des inexactitudes et des déclarations à l’emporte-pièce sans jamais sentir le besoin de venir défendre ses prises de position dans l’agora. Invité à discuter du rôle de la critique littéraire à une table ronde radiophonique diffusée lors du radiothon annuel de CKRL il y a quelques années, l’individu avait surtout brillé par son absence — ce qui n’avait étonné ni moi ni aucun des autres panelistes réunis au Musée de la civilisation par l’animateur Mathieu Dugal.

En somme, India Desjardins n’a pas à se formaliser de l’article de Fessou. De toute manière, destinée à l’oubli, l’intégrale de l’«oeuvre» de ce soi-disant franc-tireur aux prétentions d’intellectuel (l’ensemble de ses gribouillis tout à fait conformes à l’appelation de chronique d’humeur, au sens archaïque du terme humeur) n’est rien qu’une illustration de ce vieux proverbe selon lequel «la critique est aisée mais l’art est difficile».

April 16th, 2009
Catégorie: Commentaires, Événements, Lectures Catégorie: Aucune

3 commentaires à propos de “Le pisse-vinaigre du Soleil frappe encore”

  1. Nadia a écrit:

    En lisant Fessou, je me rappelle malheureusement mes années dans les médias de Québec. Ce qui me frappe, avec le recul, c’est la misogynie de son propos : la maman d’India, «secrétaire» au Soleil (qu’on imagine aussi jolie qu’elle), qui est partie vivre de journalisme populaire, traînant sa fille dans les conférences de presse… Ah! L’horreur 🙂 Et, la fille, la fille qui ne faisant pas mieux a pratiqué ce «noble» métier sans passion. Pauvre Fessou, confronté à toute une lignée de femmes de petites lettres… Rions bien fort.

    Je suis prèsque fière, quelque 10 années plus tard, d’avoir été qualifiée de «sous-marin de l’information cutlurelle» par ce petit monsieur fielleux.

  2. Stéphane Dompierre a écrit:

    Dans son article sur Herménégilde Chiasson, Fessou écrit :
    « À la lecture de ce long et dense entretien, vous constaterez que c’est un intellectuel de haut vol. Le seul, parmi les invités d’honneur du Salon du livre, qui dit avoir lu… Proust! »

    « Proust » est donc le petit mot magique pour gagner l’estime de Fessou (si ça peut intéresser quelqu’un).

  3. Nadia Gosselin a écrit:

    Vraiment, bravo!

    Ma réaction sur mon blogue personnel: http://nadiagosselin.hautetfort.com/archive/2009/04/16/%C3%A7a-fera.html

    En copie conforme sur Facebook:
    http://www.facebook.com/home.php?src=fftb#/note.php?note_id=71611498247&id=700632337&ref=mf

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