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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

L’après-Salon (une esquisse de bilan)

Eh bien, je ne suis pas trop fâché que le Salon du livre de Montréal ait pris fin hier. Entre mes activités d’invité d’honneur, les relations publiques, les heures folles à bosser sur mes projets d’écriture, tout ça rendu plus épuisant par ma méchante grippe, je n’ai pas eu une seconde pour souffler. Juste pour vous dire, j’ai à peine eu le temps d’écouter un CD sur les six réunis dans le magnifique coffret Miles Davis: The Complete On the Corner Sessions que mon pote Christophe Rodriguez m’a offert samedi après-midi. Cette journée-là, enfin remis de la fièvre, j’ai eu seulement deux séances de signature.

Un incident presque amusant m’est cependant arrivé pendant l’une d’elles: un visiteur du salon, un monsieur d’un certain âge, est venu me reprocher les propos que j’avais tenus sur Passe-Partout lors de la table ronde de la veille. Selon lui, dont les enfants avaient grandi en regardant ce monument à la pédagogie gnan-gnan, je n’avais pas le droit d’émettre un jugement aussi péremptoire et sévère sur cette série-culte qui avait bercé la jeunesse de toute une génération. Évidemment, têtu comme je suis, je suis resté sur mes positions critiques et j’ai même surenchéri: en dépit de tout le respect que j’avais pour certaines vedettes de la série, nommément le sympathique Jacques L’Heureux que j’estime infiniment, j’ai maintenu que cette émission lénifiante m’apparaissait comme ce qui était arrivé de pire à la jeunesse québécoise… et n’avait comme rival dans la bête célébration des caprices de l’enfant-roi que Caillou!

— Vous n’êtes pas en train de me convaincre d’acheter un de vos bouquins à vous, m’a alors lancé le monsieur, sur un ton qui fleurait le chantage.

— Si pour que vous achetiez un de mes livres je dois d’abord encenser Passe-Partout, j’aime encore mieux que vous n’en achetiez pas, lui ai-je alors rétorqué, toujours poli quoique un peu baveux.

Excédé par mon entêtement à blasphémer contre une icône, il a alors laissé tomber l’exemplaire du Cabinet du Docteur K qu’il avait en main et s’en est allé, désormais convaincu que j’étais vraiment un mécréant.

Le soir, je suis allé faire un bref tour chez Brigitte Bouchard, la pdg des Allusifs, qui recevait quelques écrivains, intellectuels et spécimens de la faune littéraire montréalaise, dont la fort sympathique Marie Darrieussecq, Pan Bouyoucas, mon inégalable ex-collègue de Bouquinville Robert Lévesque, la libraire Rina Olivieri et son conjoint, Jean-Paul Hirsch des éditions P.O.L., José Lareau de chez Gallimard, et bien d’autres. Sorti de là, je suis allé saluer une autre bande de joyeux lurons qui dînait tardivement au Jardin de Panos, en l’occurrence mes potes Rodney Saint-Éloi et Louis Hamelin, la poète Laure Morali, le critique Thomas Spear, la belle Lucie Bélanger de chez Tryptique, etc. Mais je suis rentré tôt, selon le standard péan, parce que je voulais me relever de grand matin pour cuisiner, comme je l’avais promis, pour les employés de la Courte échelle et de Mémoire d’encrier qui tenaient les stands au Salon du livre. Au menu: ri ak pwa (le traditionnel riz aux fèves rouges), gryo (des cubes de porc marinés au citron et frits) et salad pwa tann (des haricots verts frais, cuits avec poivrons rouges et jaunes, assaisonnés à l’estragon). Pour livrer le lunch à la Place Bonaventure, j’ai réquisitionné l’auto et les bras de David Homel.

Après le dîner, j’ai fait un bref passage au magazine littéraire de la Première Chaîne, Vous m’en lirez tant, histoire de présenter au public les finalistes à l’édition 2008 du Prix littéraire des collégiens. Fait cocasse, le trio de mon âme damnée Anthony Rozankovic a salué mon arrivée sur le podium avec les premières mesures du thème de Star Trek: The Motion Picture, la composition de Jerry Goldsmith également utilisée pour le générique de la série Star Trek: The Next Generation (à 46 min 43 sec du début du premier bloc de l’émission).

Et pour ma dernière activité publique au Salon, j’ai pris le micro en fin d’après-midi en qualité d’animateur d’une table ronde sur des romans franco-canadiens qui abordaient la thématique des rapports Nord-Sud, avec les romanciers Didier Leclair (Passage pour l’Occident), Hélène Koscielniak (Marraine) et Pierre Karch (Noëlle à Cuba). Ensuite, au terme d’un bref passage chez moi, le temps de voir Plume (attachant) et Bernard Pivot (toujours aussi vif d’esprit) en entrevue à Tout le monde en parle, j’ai fini ma journée avec cette participation à D’une île à l’autre, l’émission de Maggie Métellus sur les ondes de la radio haïtienne, CPAM, de 22h00 à minuit.

Lundi, journée moins mouvementée au Salon, avec encore une fois deux séances de dédicace (pour la courte échelle et pour Mémoire d’encrier). Invité par les organisateurs du Salon, je suis allé de bon gré au souper de clôture officiel et j’y ai passé un fort agréable moment en compagnie notamment de mon ami retrouvé Maxime-Olivier Moutier et de Gilles Archambault, avec qui j’ai discuté longuement de jazz, de radio, de notre rapport à nos pères respectifs, etc. Ensuite, c’était plus fort que moi, je suis passé au party d’après-Salon organisé conjointement par Boréal, Dimédia et Hurtubise HMH. À mon arrivée, le band de Michel Pagliaro était en train de faire trembler le Lion d’Or avec son rock implacable. Autre fait cocasse: après le dernier rappel, la charmante Lucie Bélanger est allée demander à Pag d’autographier son exemplaire d’Autochtones de la nuit, au début de ma nouvelle «Pour la route» où je cite en exergue la chanson «J’entends frapper». Cela m’a valu un t-shirt de Pagliaro offert par sa conjointe (la belle-fille du critique de cinéma François Guérif!) en échange de la promesse d’envoyer un exemplaire de mon recueil à Pag. Et pourquoi pas?

En somme, mission accomplie: la trentième édition du Salon du livre de Montréal s’est terminé, j’y ai survécu avec toutes mes plumes et assez satisfait. De retour à la réalité… et au travail, maintenant!

November 20th, 2007
Catégorie: Commentaires, Réflexions Catégorie: Aucune

Un commentaire à propos de “L’après-Salon (une esquisse de bilan)”

  1. Venise a écrit:

    Moi, je suis très essouflée pour vous. Quelle énergie vous avez !

    À propos de “Vous m’en lirez tant”, j’espère que vous retournez parfois en arrière pour lire vos commentaires sur vos billets car je vous en ai laissé trois sur “Le Prix littéraire des Collégiens” … Mes questions sont toujours sans réponses, j’espère que vous m’en direz tant !

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