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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Jour 7: Les échos de la honte, les sons du bonheur

Voilà, c’est confirmé : l’État québécois s’est doté d’une loi-matraque pour faire taire sa jeunesse qui refusait d’entrer dans les rangs. Après avoir laissé le climat social s’envenimer irrémédiablement, l’actuel gouvernement (faussement) libéral a sorti ses bazookas pour abattre la mouche du coche. À n’en point douter, les Éric Duhaime, Richard Martineau et autres complaisants porte-voix de la droite décomplexée vont pouvoir pavoiser à satiété. Honte à Jean Charest, qui entrera assurément dans l’Histoire comme l’un des plus infâmes premiers ministres du Québec.

Comment échapper à l’actualité malgré l’océan qui me sépare temporairement de la crise? Alex Dutilh a eu la bonne idée de nous proposer cette sortie hors du site; le resto, un peu en dehors de Coutances, porte le joli nom de Tourne-bride. On y mange une authentique cuisine paysanne normande : Alex et son assistante Emmanuelle ont opté pour une terrine en entrée puis des tripes; j’ai préféré le canard braisé au Riesling, précédé d’une bisque de langoustine. Nous mangeons dans la bonne humeur de ceux qui ont bien accompli leur mission la veille, échangeant sur le métier et sur les radios nationales qui nous emploient.

Au retour en ville, j’assiste à l’éblouissant concert du pianiste Baptiste Trotignon, entourés des plus prestigieux invités – notamment, Stefano Battista et Thomas de Pourquery aux saxophones, l’émouvant Tom Harrell à la trompette et au flugelhorn. Comme la toute première fois où j’ai vu Harrell en concert (avec Patsy au Gesù, il y a deux éternités), la posture générale du musicien déconcerte le public, qui ignore peut-être le détail de sa condition.

Sitôt sorti de Théâtre municipal de Coutances, il me faut courir pour attraper le car qui mène à la salle de la Guérie, où se donne le détonnant «concert des parfums» du tubiste Michel Godard en quartet. En somme, le a soumis les compositions de son programme à Ursula Siglinde Yeo, une parfumeuse qui a conçu les essences diffusées dans la salle pendant les morceaux auxquels ils correspondent, inspirant du coup aux musiciens leurs improvisations. Au-delà de l’originalité du concept, on applaudit le talent des solistes et le caractère dépaysant de l’expérience.

En soirée, au terme d’un dernier souper en collègue, la musique apaisante du trio composé par la pianiste Rita Marcotulli, l’accordéoniste Luciano Biondini et le saxophoniste Javier Girotto me berce tout au long du visionnement du classique muet Nana (1926) de Jean Renoir, présenté au Théâtre municipal. Après ça, mes tentatives de rejoindre Véronique qui veillait sur l’Amiral mal en point se solderont par un échec.

May 19th, 2012
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