stanleypean.com


Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

In Memoriam: Paul M. Marchand [1961-2009]

Paul Marchand

J’y pense depuis avant le week-end, depuis le passage chez moi la semaine dernière de Stefan Psenak, qui l’avait connu en même temps que moi au Salon du livre de l’Outaouais en 1997. Il y a un an, jour pour jour aujourd’hui, j’apprenais via Facebook la funeste nouvelle de la mort de Paul Marchand,  mon ami, romancier flamboyant et ex-correspondant de guerre à Beyrouth puis Sarajevo. L’auteur de Sympathie pour le Diable et de Ceux qui vont mourir s’est donné la mort dans son appartement parisien le 20 juin. Et alors que la planète media se déchaîne en commémoration du décès de Michael Jackson ou de Farah Fawcett, deux idoles de jeunesse, je pleurerai principalement mon ami, avec qui j’avais pourtant entretenu une correspondance bien sporadique après son départ du Québec, mais dont la disparition a creusé une sorte de gouffre en moi, ainsi que l’exprimait assez clairement le texte de la chanson que Stephen Johnston et moi avons écrite au lendemain de son suicide («After All the Battles», qu’on peut toujours réécouter sur ma page MySpace, de même qu’une interview en anglais et une chronique littéraire en français que j’avais accordée à CBC et Radio-Canada à son sujet).

Depuis que je tiens ce carnet web, il est devenu une sorte de soutien pour ma mémoire réputée infaillible et qui pourtant me fait parfois défaut. En interrogeant le moteur de recherche, par exemple, j’ai retrouvé le billet rédigé au lendemain de mes retrouvailles avec Paul à l’automne 2007 («De retour au poste») — notre dernière soirée ensemble. Dans la foulée de sa mort, un tas d’ex-copines ou de potes à lui avaient pris contact avec moi pour échanger quelques anecdotes sur cet être incandescent, qui avait brièvement illuminé nos vies. Il me manque encore. C’est le côté irrémédiable de sa disparition, la douloureuse conscience que je ne le reverrai jamais plus qui m’est le plus difficile à admettre. Je vis très mal mes deuils, en fait. Mais ça, c’est assez évident, non?

June 23rd, 2010
Catégorie: Nouvelles, Réflexions Catégorie: Aucune

7 commentaires à propos de “In Memoriam: Paul M. Marchand [1961-2009]”

  1. François a écrit:

    Salut Stanley,

    Ah, si les journaux de ce monde pouvaient traiter des «nouvelles…» comme il se devrait, le monde se porterait certainment un peu mieux je pense. Merci à toi et à tous ceux et celles qui prennnent le temps de «partager». C’est si rare dans notre ère individualiste friande de feux d’artifices… C’est bon et c’est bien d’avoir accès à des «gens phares» qui marquent nos vies d’histoires vraies. Touchant ton mot et triste cette disparition… Heureusement que la vie se charge d’allumer des êtres phares ici et là !

  2. Stanley Péan a écrit:

    Merci François,

    Tu as raison: la vie place parfois sur notre route des êtres d’exception, des «phares» dont la lumière continue de briller longtemps après qu’ils aient quitté ce bas monde.

    Stanley Péan

  3. Lydie a écrit:

    Je me suis connectée sur votre site car j’avais la certitude que vous ne l’auriez pas oublié et que vous auriez écrit un mot à son attention. La page du souvenir de ceux et celles dont il a traversé la vie en laissant une marque indélébile, celle d’un être d’exception, fidèle et loyal en amitié. Paul était à sa manière un chevalier attaché au sort de ceux dont le monde souhaiterait oublier l’existence par pur confort, il en était le témoin engagé de convictions, à la fougue inébranlable. Un an s’est écoulé, et pour beaucoup de ceux dont il a traversé la vie, qui ont eu la chance de le connaitre, l’urgence d’une nécessité s’est fait jour, celle de continuer à le faire vivre à travers la fenêtre du souvenir. Un an et la tristesse liée à son départ ne s’est pas estompée, elle reste là comme une vielle et fidèle amie. Merci pour cet hommage. Nous nous serons arrêtés un instant en ce mois de juin pour penser à lui.
    Lydie

  4. Stanley Péan a écrit:

    Bonjour Lydie,

    Il va de soi que je me devais d’écrire un petit mot à la mémoire de cet être incandescent et unique. Nous sommes manifestement plusieurs à porter le deuil. Nous le serons encore longtemps, je n’en doute pas une minute.

    Stanley Péan

  5. ilana a écrit:

    Hello Stanley,
    Moi aussi, j’ai connu Paul mais brièvement.
    I will write in English as I can express myself better.
    I hadn’t been in touch with Paul for the last several years and was telling a friend about him only 2 nights ago when we then decided to google him and that is when I found out about his death! I was shocked. I never heard about his death (I’m Canadian and knew him in Montreal but have been living in London for the last decade). For the last two days I felt down and awkward. That same night I came home and kept reading articles online about him, tonight I do the same. He truly was a man who had a large impact on many people. I first heard an interview on Radio Canada with him when I was living in Vancouver. I was absolutly riveted to the radio and fascinated by the human being I was listening to. His bold frankness hit me deeply and compelled me to write to him and from that we came to know each other. I saw him last some years ago in Paris some months before the birth of his child, after which we exchanged a few emails. I was truly touched by this man as I never encountered such a REAL person who was not afraid to be hated because what he felt was such a strong force within him. I had great respect and admiration for that.
    I wish I had known earlier about his death, but I’m today as so many others are.
    Thank you for writing and speaking of him.
    Ilana

  6. Stanley Péan a écrit:

    Merci, Ilana, d’avoir pris le temps de partager ici ce témoignage émouvant sur ce diable d’homme qui nous a profondément marqué ceux et celles qui ont eu la chance de le côtoyer.

    Stanley

  7. Anne Campagna a écrit:

    Moi aussi, je pense régulièrement à Paul Marchand, Paul chez qui j’allais souvent avec mon amie Catherine, Paul qui me prêtait des bas parce qu’il n’en revenait pas que je porte des bas qui n’étaient pas assez beaux pour lui, Paul qui parlait de la guerre, de ses frustrations, ses coups de gueule, qui avait un coeur grand comme ça, qui offrait son loft pour des sessions de photo si besoin en était, mais aussi je l’ai appris plus tard Paul qui se tenait avec Roger Auque qui était aussi espion pour le Mossad, Paul qui était à Beyrouth en même temps que Raffi avec qui j’ai vécu tellement d’aventures. Pendant que j’enquêtais pour un projet du Hufpost sous la direction de Patrick White,​ je perds le contrçole de mon vélo, je me ramasse a l’hôpital, cheville complètement pétée. Reconstruction sur la table par un chirurgien, et juste avant que je ne m’endorme sous la drogue (de la morphine?) j’ai l’impression de voir Paul dans le coin de la salle qui me regarde et me dit Anne, il y a un prix a payer. Comme tu me manqueras toujours Paul, tu es inoubliable.

≡ Soumettez votre commentaire