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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Haïti 2015 – 3: What’s Going On?

La journée a débuté tôt hier, avec des courses à travers la ville. Heureusement que Bertrand Roy m’a prêté son Jeep avec un chauffeur, Jimmy, qui connaît Port-au-Prince dans ses moindres méandres… ou presque! Comme en novembre, trouver la maison de Lyonel Trouillot et le centre culturel Anne-Marie Morisset en face, rue Gabbart dans Delmas, s’est révélé toute une odyssée. Mais bon, après quelques minutes à aller et venir dans le quartier (où apparemment personne n’a jamais entendu parler ni de la rue ni du centre) comme une souris dans un labyrinthe, je suis arrivé à bon port et j’ai pu, tel que promis en novembre, livrer en mains propres à mon ami une vingtaine de livres pour la bibliothèque qu’il a fondée pour sa communauté.

De retour au Karibé, j’ai essentiellement bossé sur la structure de l’émission de la fin de la semaine jusqu’à ce que vienne l’heure de redescendre à la FOKAL pour assister aux tests de son pour les concerts de la soirée – et, avec un peu de chance, réaliser mes premières interviews. La diva montréalaise Ranee Lee et le guitariste haïtiano-new-yorkais Chardavoine m’ont respectivement accordé un petit bout d’entrevue en anglais et en créole, qu’il me faudra doubler en langue de Molière pour diffusion vendredi. Il y était notamment question de leur émerveillement respectif devant la vitalité d’un peuple que la vie a privé de tant de choses et qui résiste, quotidiennement, de toute sa force tranquille.

Ranee Lee à la Fokal

Chardavoine à la Fokal     Rara au Fokal     Sebastián Jordán à la Fokal

Quant aux concerts? De toute beauté! Le matin, Lyonel s’interrogeait sur le public du festival, me demandant s’il rejoignait toutes les classes de la société haïtienne. Apparemment, c’est le cas… Après la clientèle huppée assemblée dans la cour du Karibé dimanche, c’était au tour d’un public majoritairement étudiant de goûter au post-bop électrisant du trompettiste chilien Sebastián Jordán et aux standards d’une Ranee Lee resplendissante dans ses scats aussi inspirés que vertigineux – et il a tout apprécié jusqu’à la dernière note!

À ma remarque sur l’audace d’inclure « What’s Going On? », la chanson-titre de son plus récent album, dans son tour de chant en Haïti, compte tenu de la crise sociale et politique permanente, la chanteuse s’est contentée de me faire remarquer que l’hymne intemporel de Marvin Gaye sur la paix et le vivre ensemble n’a jamais rien perdu de son actualité et que la chanson resterait pertinente peu importe le contexte. Amen.

Quant à Chardavoine, qui n’avait pas mis les pieds dans sa patrie depuis une quarantaine d’années, le public lui a réservé un accueil plus que chaleureux, de toute évidence séduit par son recours à des mélodies familières comme « Latibonit » ou « Mèsi bondye ». Le retour de l’enfant prodigue, rien de moins!

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Après cette soirée torride sous les étoiles, la soirée s’est terminée au Presse Café de Pétionville, avec la jam-session endiablée et nécessairement un peu bordélique que présidait le saxophoniste Ti-Sax, une étoile montante locale, à qui se sont volontiers joints des jazzmen du cru ainsi que les musiciens de Chardavoine et de Sebastián Jordán.

January 20th, 2015
Catégorie: Commentaires, Événements, Réflexions Catégorie: Aucune

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