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Finies, les charades…

Dépêché en Haïti par le quotidien montréalais La Presse, Patrick Lagacé a publié une chronique-choc qui laisse songeur et perplexe. Dans «Haïti, malade de ses charades», le franc-tireur met les (trois) points sur les I et la barre sur le T en jetant un regard sévère et pourtant (dit-il) pas exempt de compassion sur le drame haïtien. Il ne se gagnera pas beaucoup d’amis avec ce texte, qui hélas reconduit par moments certains stéréotypes teintés de xénophobie. Mais certaines vérités (y compris à propos de ce qui colore le regard de l’observateur) méritent d’être énoncées, ne serait-ce que pour crever l’abscès. À lire et à méditer.

February 2nd, 2010
Catégorie: Commentaires, Lectures, Réflexions Catégorie: Aucune

4 commentaires à propos de “Finies, les charades…”

  1. Une femme libre a écrit:

    Vous trouvez que l’article de Lagacé est à lire et à méditer malgré qu’il soit teinté de xénophobie? Qu’est-ce donc qui est “à lire et à méditer”? Vous approuvez l’article ou pas? Votre commentaire n’est pas clair.

  2. Stanley Péan a écrit:

    Oui, il est important de lire et de méditer ces écrits, même s’ils reconduisent des clichés xénophobes. Parce qu’ils nous renseignent sur les préjugés tenaces qui teintent encore le regard des observateurs extérieurs sur Haïti et son Histoire, que Lagacé et bien d’autres connaissent assez mal.

    Cela dit, bien que je désapprouve le ton et le propos de Lagacé, je ne peux rester sourd à ses critiques sur le consternant silence du président Préval, sur la faillite d’un État qu’il n’est tout de même pas le seul à critiquer et sur cette propension toute haïtienne à décrier la nécessaire intervention étrangère même en temps de crise.

  3. Anne Marie S a écrit:

    “L’agaçant agacé!”

    Je crois que ce type venait de passer un mauvais quart d’heure à Port-au-Prince juste avant de vomir son article. Il crie à tue-tête son ras-le-bol de côtoyer la misère de ces innocentes personnes, mais semble-t-il que son patron fait la sourde oreille. On devrait dire à ce petit monsieur qu’on ne veut plus revoir sa tronche en Haïti puisqu’il est évident qu’il nous méprise et n’éprouve aucune sympathie pour notre cause. Qui est le méchant qui a largué ce pauvre journaliste à Port-au-Prince? Les journalistes ne sont-ils pas syndiqués? Il est clair que cet homme n’a pas laissé, volontairement, sa cage dorée pour se retrouver dans l’enfer de ce pays dévasté! Plusieurs personnes profitent du malheur des Haïtiens pour se faire un nom; semblet-il que Mr Lagacé n’a pas su garder son masque d’hypocrite. La population haïtienne devrait émettre un avertissement général à tous ces individus à la recherche de sensation forte : COEUR SENSIBLE, S’ABSTENIR!

    Les Haïtiens savent qu’il y a de profonds changements qui s’imposent pour la construction d’un meilleur avenir. Reste que, 206 ans de médiocrité et de passivité, si bien commenté par Mr l’Agaçant, ont été profitable à toutes ces grandes nations et organisations dont l’Agacé semble si fièrement appartenir.

    Je lève mon chapeau au courage de mes compatriotes qui vivent quotidiennement ce désastre. Et aussi un grand merci à tous les êtres humains qui comprennent qu’un malheur ne choisit pas sa cible.

    Anne Marie S

  4. Hans Fleury a écrit:

    Monsieur Péan,

    À la suite de l’article de monsieur Patrick Lagacé dans La Presse du samedi 30 janvier 2010 (http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/patrick-lagace/201001/30/01-944655-haiti-malade-de-ses-charades.php), j’ai soumis au journal concerné les commentaires suivants en date du 31 janvier 2010.

    Ce document soumis n’a pas été publié dans le journal jusqu’à ce jour, soit le 07 février 2010, à moins que je ne me trompe. Je ne l’ai pas vu dans le secteur intitulé Forum, ni dans un autre secteur du quotidien. Je présente alors mes réflexions sur votre site, et je vous remercie de m’offrir de privilège.

    À la suite à l’article de monsieur Patrick Lagacé paru dans La Presse dans son édition du samedi 30 janvier 2010, je transmets les réflexions suivantes. Dans un premier temps, je mentionne que monsieur Patrick Lagacé souligne avec raison certaines situations désagréables qui font partie à différents degrés de la réalité objective, quoique partielle, d’Haïti. Chaque coin du globe en connaît, les journaux en relatent en quantité quotidiennement, sans qu’il s’agisse de pays où, la pauvreté est répandue. Nous savons aussi comment la pauvreté et l’exclusion soutenues, entre autres facteurs, engendrent des problèmes sérieux et entraînent des effets plus que nuisibles et/ou pernicieux, sans pour autant les justifier.

    Monsieur Lagacé paraît en colère face à certaines situations dont il a été témoin, et je peux comprendre. Il souligne que la situation des enfants affamés lui a brisé le coeur. Je crois aussi, jusqu’à preuve du contraire, que c’est de bonne foi qu’il a rédigé son texte en souhaitant donner un coup d’épaule à sa manière pour faire progresser Haïti. Il a sûrement été témoin de scènes troublantes au plan humain suite à cette catastrophe, comme il a pu aussi observer des scènes témoignant d’autres aspects, notamment des forces de l’être humain, que ce soit celles des haïtiens ayant vécu le tremblement de terre et les conséquences qui en découlent, que de celles propres à ceux et à celles venus aider les gens éprouvés.

    Toutefois, des parties de l’article me semblent malheureusement traduire à plusieurs reprises, par le contenu et le ton, un manque de sensibilité culturelle, historique, sociale, géopolitique, une carence malheureuse d’empathie, face à certains aspects de la réalité haïtienne, particulièrement dans le contexte de cette catastrophe génératrice de tant de souffrances, et qui en rappelle tant d’autres. Notons par exemple cette phrase de la plume de monsieur Lagacé: « Or, désolé, mais les Haïtiens, collectivement, sont d’une passivité épouvantable, déprimante et délétère. Pour faire cute, comme tout le monde, je décris cette passivité comme du fatalisme. »

    De tels propos véhiculent, non intentionnellement, je l’espère, une saveur qui rappelle malheureusement la position et les attitudes plutôt hautaines, outrageusement généralisatrices, qu’on peut encore retrouver dans certaines couches de la classe possédante d’une grande partie de la richesse, que ce soit en Haïti ou dans beaucoup d’autres pays, et aussi à l’intérieur d’autres secteurs de la société haïtienne ou autre.

    Je pense que nous sommes nombreux à souhaiter que ces attitudes changent en faveur d’une société, et d’Haïti en l’occurence, où régneront vraiment davantage la liberté, l’égalité et la fraternité, en comptant sur les ressources actives de la société haïtienne (en Haïti ou ailleurs dans le monde) et sur celles du Québec, du Canda et de toutes les nations intéressées profondément à épauler le peuple haïtien. Et cela, dans un climat de transparence, de responsabilité active, de vérité, de rigueur, de cohérence, d’efficience et de respect mutuel entre tous.

    J’aurais apprécié qu’un journaliste comme monsieur Lagacé ait présenté, dans le cadre de cet article en tout cas, un contenu à travers lequel il aurait souligné, avec rigueur et fermeté, certaines faits malheureux observés en Haïti, mais en les situant suffisamment dans leur contexte pour aider à mieux les comprendre. J’aurais aussi souhaité qu’il pointe à partir de cette base vers des pistes de solutions, dans une attitude et un vocabulaire davantage empreints de respect, sans généralisation abusive. Et, si possible, avec une compréhension et une sensibilité envers l’ensemble de la société concernée comparables, en partie, à celles manifestées à l’égard des enfants affamés dont la situation,écrit-il, lui a brisé le coeur.

    Hans Fleury
    31 janvier 2010

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