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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

La littérature, par la bande…

Elle était pas mal cocasse, cette plaisanterie de mon vieux condisciple du primaire Dany Turcotte autour du dénouement du plus récent roman de Christian Mistral, Léon, Coco et Mulligan, hier soir à Tout le monde en parle. (Après que l’animateur Guy A. Lepage ait qualifié la chute du bouquin de véritable coup de théâtre, le Fou du roi est tout de suite allé à la dernière page et a feint la stupéfaction la plus totale, provoquant l’hilarité générale à laquelle même Mistral, bon prince, s’est joint.)

Pas mal cocasse, certes, et cependant tout à fait symptomatique de ce talk-show où l’on ne discute jamais de littérature, du travail de l’écrivain, de la matière brute d’un livre autrement que par la bande, accidentellement. Ce n’est ni un reproche, ni une critique, juste une constatation. Pour avoir déjà interviewé Lepage sur ses lectures, je le sais cultivé et friand de littérature. Toutefois, l’analyse et le débat littéraire ne font manifestement pas partie du mandat qu’on lui a confié. Ne nous leurrons pas: aussi amusante que l’émission puisse être à l’occasion, Lepage n’a aucune ambition d’être le Bernard Pivot de notre télé, Tout le monde en parle n’est ni Apostrophes ni Bouillon de culture, c’est une émission de variétés et non un magazine littéraire ou même simplement culturel. Ce qui rend l’absence d’une véritable émission de débat autour de la littérature à l’antenne de notre télévision nationale encore plus regrettable…

Cela étant dit, même si on a fort peu causé du contenu ou de la forme du livre, même si on a davantage palabré de l’impécuniosité (joli mot) et des déboires judiciaires de l’écrivain, de sa paternité précoce et de ses problèmes de boisson, Mistal s’en est assez bien tiré. Certes, il s’est montré inutilement hostile envers la journaliste Brigitte McCann, mais il a fort heureusement tiré son épingle de ce jeu qui de tout évidence l’angoissait. Mieux que la pauvre Nelly Arcan le dimanche précédent, en tout cas.

September 24th, 2007
Catégorie: Commentaires, Réflexions Catégorie: Aucune

2 commentaires à propos de “La littérature, par la bande…”

  1. Venise a écrit:

    Vous faites un bilan lucide de la place que TMENP fait à la littérature. Malgré tout, à la fin de l’émission, Guy A. nous invite à donner nos commentaires sur l’émission et quitte à passer pour une radoteuse, à chaque fois, je réclame un peu plus de contenu sur l’oeuvre elle-même. Que ce soit pour un Philippe Tisseyre ou une Nelly Arcan. J’ai trouvé particulièment dommage que Nelly Arcan s’en sorte d’une manière si peu reluisante. Je comprends pourquoi, parce que je la suis et j’ai entendu jusqu’à quel point il était important pour elle de ne plus entrer dans le jeu de l’image qu’elle projette. Elle était à ce point sur la défensive, pour ne pas nourrir ce côté-là, qu’elle s’est tue, laissant peut-être croire qu’elle n’a pas la parole facile ou qu’elle est sotte. Dommage.
    Pour Mistral, je reste convaincu que le côté sensationnel l’aura servi et que certains achèteront son livre pour qu’il puisse aller chez le dentiste !

  2. Stanley Péan a écrit:

    On peut déplorer parfois le traitement que les médias réservent à Nelly Arcan, mais je crois (comme je le lui ai déjà dit) qu’elle s’est elle-même piégée dans ce petit jeu qui ne l’a pas toujours desservie comme à Tout le monde en parle l’autre soir. Quant à Mistral, il a l’habitude de vivre avec le sensationnalisme, je crois.

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