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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

Cet indéfinissable, indispensable bleu

Kind of Blue 50e

Je n’en avais pas encore dit mot sur ce blogue, mais mes amis et mes proches peuvent témoigner de mon enthousiasme (qui frise la maladie mentale) pour ce coffret commémoratif publié en prévision du 50e anniversaire de Kind of Blue, l’album-phare de Miles Davis – que dis-je? Le disque le plus important de toute l’histoire du jazz enregistré. Croisé l’autre dimanche dans un salon funéraire, Michel Rivard m’a tout de même demandé si je m’étais procuré l’onéreux objet et si je trouvais qu’il en valait la peine.

— Tu n’es pas sérieux, Michel, lui avais-je répondu. Me demander à moi si ce coffret vaut la peine? Tu oublies que t’adresses au gars pour qui tout ce qui concerne Miles Davis vaut nécessairement la peine!

Sans déconner, même si elle n’est vraiment pas donnée, cette 50th Anniversary Deluxe Edition de mon disque-fétiche vaut le détour et ce pour plusieurs raisons. Passons sur le CD lui-même qui reprend, dans la clarté cristalline du numérique le mixage définitif sur le marché depuis des années, les plages légendaires de l’album auxquelles on a cependant ajouté les faux départs, les prises incomplètes et quelques conversations en studio. Passons sur le CD-boni qui réunit les autres enregistrements du sextette de Miles avec Bill Evans au piano, enregistrements antérieurs à la mythique séance mais disponibles depuis belle lurette, que complètent une version devant public hollandais de «So What» enregistrée au printemps 1960. Passons encore sur le DVD qui jumelle le passage historique de Miles au Robert Herridge Theater de CBS TV accompagné successivement de son combo puis du grand orchestre de Gil Evans et le documentaire Celebrating a Masterpiece portant sur l’importance de Kind of Blue. Ce qui justifie, à mes yeux, l’achat de ce coffret indispensable à tout amateur de Miles digne du nom, c’est la réédition de l’album original sur vinyle bleu noble, le superbe coffee table book sur papier glacé, abondamment illustré, reconstituant le contexte de la création du chef-d’œuvre, et le poster de Miles, et les photos de la séance tirées à part, et le facsimilé des notes de présentation manuscrites de Bill Evans. Un cadeau pour collectionneur débile? Sans aucun doute. Mais je choisi mes objets de débilité et de passion.

Évidemment, comme je l’écrivais dans le Voir avant Noël, on destine cet onéreux objet aux fanatiques finis de cette musique céleste qui n’a pas pris une ride en un demi-siècle. Et si j’y reviens aujourd’hui, plusieurs semaines après en avoir fait l’acquisition (c’était mon cadeau de Noël de moi à moi), c’est parce que Jazz Magazine y consacre un substantiel dossier («Sketches of Miles») dans son numéro de décembre 2008, toujours en kiosque, que je me suis déniché la semaine dernière et que j’ai dévoré dans l’autobus qui me ramenait ce soir à Montréal. Jonathan Glusman conclut sa très juste évaluation du coffret en ces termes : «On ne retrouvera peut-être pas le choc de la découverte ressentie première écoute de l’album, mais la mise en perspective de l’œuvre et de ses protagonistes procure un plaisir plus réfléchi, aussi intense que rare.»

Que dire de plus? Sinon, qu’attendez-vous pour vous le procurer? (écrit-il au son de Flamenco Sketches, justement…)

January 27th, 2009
Catégorie: Auditions, Commentaires, Réflexions Catégorie: Aucune

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