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Les carnets web de l'écrivain Stanley Péan

À défaut du don d’ubiquité

Mon père racontait souvent cette histoire d’une dame, une Haïtienne qu’il avait connue au pays, dans sa jeunesse. La dame avait un fils qui avait enregistré un disque, une plaque comme on disait là-bas dans le temps, un disque qui connaissait beaucoup de succès et qui tournait constamment à la radio. La mère avait beau aimer son fils, la chanson commençait à lui tomber sur les nerfs, si bien qu’elle ait fini par demander à son garçon de cesser de chanter la pomme constamment à la radio ainsi qu’il le faisait. Manifestement, le concept de l’enregistrement la dépassait et elle s’imaginait qu’il était en direct sur les ondes chaque fois qu’on entendait la chanson, même quand il se trouvait dans son salon en face d’elle!

Je n’ai pas le don d’ubiquité, pas plus que ce garçon, mais j’aimerais parfois que ce soit le cas. Comme ça, j’aurais pu assister à tout le concert que donnait mon vieux pote Mathieu Bélanger — le «clarinettiste fou», ainsi que je le surnommais autrefois — à l’occasion du lancement de son premier album, Insomnia, au club Savoy du Metropolis. Enregistré l’hiver dernier en quartet (avec notamment la ravissante et talentueuse Andrée Boudreau au piano, qui elle aussi fait paraître un album cet automne, son deuxième), le CD que je réclamais à Mathieu depuis dix ans au moins est enfin disponible sous étiquette XXI Records… avec une préface de votre humble serviteur! Un disque brillant, je vous en passe un papier! Et si je ne pouvais assister à tout le concert, c’est que mon compère jazzophile Christophe Rodriguez et moi avions promis de nous pointer également au Dièse Onze (anciennement la Kemia) où l’on inaugurait une nouvelle cuisine avec un programme double : l’excellent saxophoniste Yanick Rieu en quartet (qui lui aussi vient de lancer un nouvel album remarquable), suivi d’un autre quartet sous la direction d’une jeune chanteuse de jazz soul du nom de Malika. Soirée fertile en émois musicaux, donc, qui se termine sur mon retour à la maison bien peinard.

Et dire que pendant ce temps-là, à Télé-Québec, on diffusait l’entrevue que j’ai accordée lundi à Serge Postigo dans le cadre de son magazine quotidien, Ça manque à ma culture. Je viens de la regarder, histoire de vérifier le souvenir que je gardais de cet enregistrement nocturne: trop courte mais plutôt sympa, l’interview.

Tout compte fait, ce don d’ubiquité…

October 25th, 2007
Catégorie: Commentaires, Réflexions Catégorie: Aucune

Un commentaire à propos de “À défaut du don d’ubiquité”

  1. Venise a écrit:

    J’ai dû écouter et voir cette entrevue à bâtons rompus, manque de puissance de mon engin, ce qui fait un peu bizarre quand même. L’entrevue a été sympathique c’est vrai, Postigo fait preuve d’une grande ouverture et ça passait bien entre lui et vous.
    Je vous ai trouvé très timide dans votre lecture, j’ai eu l’impression que vous vous jugiez. On dirait que vous avez continué sur le ton de l’entrevue, avec ce désir d’être accepté. Un tueur à gage n’a pas être accepté, il vit, c’est tout.
    Je sais que ce n’est pas évident de lire un mini-mini-mini extrait devant des personnes calées dans leur fauteuil.

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